Le dortoir était désert. Seul restait, incertaine, Gemma Landre assise sur son lit avec son matériel d'écriture disposé devant elle.

"Cela fait maintenant plusieurs jours que je n'ai pas pris ma plume. Je me disais que je n'avais pas le temps, qu'il y avait mieux à faire, que je devais absolument m'occuper. Que de mensonges. La réalité est tout autre : je fuyais. J'avais peur, à un point inimaginable. Terrifié par l'idée d'être confrontée à mes sentiments. J'ai laissé la colère m'emplir, la haine monter en moi. C'était tellement plus simple, si aisé ainsi. Ignorer, me faire croire que cela m'étais égal, me tromper de rage, m'abrutir de fureur. Me duper ne fut pas compliqué, je me suis jetée dans toute cette fausseté comme une forcenée. Je me suis protégée comme j'ai pu. C'était trop dur de m'avouer la vérité, alors je me suis menti. Quelle est-elle, d'ailleurs, cette vérité ? Je n'ose pas la noter, parce que je ne veux pas réaliser ce qu'elle est. Je ne veux pas en souffrir. Alors je me tais, c'est plus simple. Le problème c'est que je suis allé trop loin, maintenant je veux comprendre, que mes mots m'avouent ce que je n'ai aucune envie de savoir.

Ce que cachait toute cette méchanceté et détestation, ce dont j'essayais de me tenir loin est une chose que je me refuse à ressentir : de la douleur. La vérité, c'est que je me suis autorisée à m'attacher et que je n'aurais jamais dû. Sauf que c'est trop tard. C'était bien beau de me dire que j'avais toujours eu Drago en horreur, mais c'était faux. C'était juste plus facile pour moi ainsi. Et j'ose me dire forte ! Je n'arrive pas à croire que me suis attachée. Que je regrette de l'avoir perdu. Maintenant, je revois tous les moments que nous avons passés ensembles. Tous les efforts qu'il à effectivement fait. Jusqu'à se jouer de moi.

Il m'a parlé de confiance, et m'a abandonnée sans prendre la peine de m'écouter. Ce que j'avais à dire lui était bien égal, seul comptait le fait de m'accabler. Il m'a laissé sans remords, et je suis partie sans me retourner. Ça m'a blessée sans que je m'en aperçoive. Pour ne pas m'en rendre compte, j'ai préféré m'énerver sans cesse. Pendant un temps ce fut efficace. Mais je n'étais pas moi, je ne vivais pas vraiment.

Aujourd'hui, je me rend compte qu'il me manque. Je n'ai jamais accepté quelqu'un comme je l'ai accepté lui, et ce malgré le fait que nous ne nous connaissions que depuis peu. Comme à personne je lui ai avoué mes secrets, sans peur qu'il lne es révèle. Il a été un véritable ami. Aujourd'hui, je l'ai perdu. Je ne prendrais pas le risque d'encore rester avec une personne à laquelle je tiens. C'est pour cela que je ne veux pas renouer avec lui ; je ne peux pas me le permettre. J'ai déjà Persei et elle à plus besoin de moi, elle est plus faible même si elle se montre forte. Lui à un entourage. Ça à beau être différent, tant pis. Je dois rester solide, ne plus rien ressentir.

Malgré tout, cette histoire me parasite. Il faut absolument que j'y mette un terme , que j'éclaircisse les zones sombres qui peristent. Une dernière discussion, il faut que je dises tout ce qui me pèse, et ce sera définitivement terminé."