Je me retrouvais encore une fois dans le parc, à observer les autres élèves dans leurs activités habituelles après les cours. La soirée s'étirait. Ces instants de partage entre mes camarades me déprimaient lorsque je n'avais rien d'autre à faire, car ils me rappelaient le fait que je restais seul dans mes affections. Cette maudite timidité était vraiment pesante parfois. Je pouvais passer des heures à regarder la personne qui m'intéressait, m'imaginant déclamer des poèmes passionnés dignes de Blake, et pourtant lorsque j'étais enfin confronté à la possibilité de passer à l'action, au mieux je bafouillais quelques mots d'excuse avant de m'enfuir, au pire je restais planté comme un imbécile faisant la carpe avec sa bouche, les yeux écarquillés.
Poussant un soupir, je me dirigeai vers la bordure verte de la Forêt Interdite, afin d'étudier à distance respectable les arbres imposants qui me semblaient avoir tant de secrets à révéler. Ce faisant, j'entendis une espèce de bruissement frénétique sortir de la moiteur de l'air qui entourait la végétation en ce soir de juin étouffant. Deux petits botrucs se précipitaient avec hâte vers la lisière du bois. Je plissai les yeux, intrigué, ma curiosité alpaguée, laissant sortir de ma pensée les autres jeunes sorciers.
Après un petit quart d'heure à suivre les errances des petites créatures, je me rendis compte qu'elles semblaient épuisées, et l'une d'elles était fortement blessée. Il était évident qu'il lui manquait une brindille là ou aurait du se trouver son bras. Je remarquai égallement avec inquiètude que je n'étais plus qu'à une centaine de mètres de la forêt interdite. *Pfff, je vais tout de même pas vous laisser ici...*
Mi-résigné, mi- excité, je ramassai les deux petits arboresprits et me mis à parcourir le petit bout de chemin qu'il me restait à faire vers la forêt. Le pauvre animal n'en aurait pas pour longtemps sans soins. Je sortis donc ma baguette. "-Vulnera Sanentur. Vulnera Sanentur. Vulnera Sanentur.", dis je de ma voix la plus douce possible pour ne pas effaroucher le petit être mal en point. Nous étions arrivés en bordure d'un bosquet, et quelques peu revigorées, les petites bêtes sautèrent de ma main pour rejoindre l'arbre le plus proche. Regardant la hauteur du soleil, je me rendis compte que l'heure du repas arrivait. Je n'avais néanmoins pas faim et bien que je savais être à la limite du règlement concernant la Forêt Interdite, je me décidai à m'asseoir au sol, le dos appuyé sur l'immense frêne ou venaient de grimper les botrucs, sortant mon calepin afin de dessiner l'arbre face à moi.
