L'air frais était vivifiant. Je l'avais senti dès que je suis sortie de l'enceinte du château. Cette sixième année à Poudlard était bien démarrée et j'avais passé plusieurs jours enfermée entre les épais murs de pierre, partagée entre les cours et les devoirs. Chaque soir, je regagnais épuisée à ma salle commune, me déracinant de la place de la bibliothèque que j'avais qualifiée de mienne. C'était donc avec un immense plaisir que je quittais cette ambiance poussiéreuse pour retrouver l'extérieur, vert et rayonnant de vie.

Je me laissais tomber contre le tronc d'un arbre. Le soleil laissera bientôt le parc dans l'obscurité en cette période hivernale et je remonterais vers la Grande Salle pour profiter de ces repas dont seuls les elfes de l'école ont le secret, emmittouflée dans ma cape pour compenser la chaleur dont l'astre m'aura privée. Pour le moment, elle m'envoloppait, me berçant de ses doux mensonges d'éternité, si bien que je me sentais enveloppée dans un sommeil éveillé. Seul la perspective d'en sortir dans la nuit, transie jusqu'aux os. Bien sûr, le couvre-feu ne m'inquiétait en rien.

Mes doigts courraient le long de l'écorce rugueuse des racines de l'hêtre. Je m'étais rapprochée de la nature à mon arrivée à Oaken, même si ma préférance allait incontestablement vers la faune plus que la flore.

« Bel arbre » pensais-je. « En toute saison, tu es là, immobile, à surmonter les vents, les tempêtes. Quand l'hiver survient, tu dois encore braver le givre et la neige, sans ton épais manteaux feuillu pour te protéger. Les gens n'ont pas assez de respect pour vous... »

Pour toute réponse, un coup de vent lui arracha l'une des dernières feuilles qu'il lui restait et la fit tomber à quelques mètres de moi. Bêtement, je tendis le bras et me pencha pour l'attraper. Puis lorsque je remarquais mon ridicule, je me radossa à l'hêtre en refermant ma main sur cet vieux morceau de chair végétale qui s’effrita immédiatement. Je sentis mes joues s'embourber mais la température m'excusait.

Dans mon sac, quelques bouquins empreintés à Mme Pince. Il me faudrait les lire, mais pas ce soir. Les yeux fixés sur le ciel, je réfléchissais. A tout. A rien. Et aux nuages, créatures cotonneuses qui ne faisaient que passer, volant au milieu de ce bleu infini tandis qu'il s'assombrissait et se colorait simultanément à mesure que le soleil tombait vers l'horizon.