Mince ! Le château est grand...

Gabriel, c'est un adolescent comme les autres. Enfin il s'est toujours vu ainsi. Sympathique, tolérant, qui aime la justice... c'est sans doute grâce ses qualités qu'il avait été appointé comme préfet. Quelle joie pour lui quand il avait eu son badge avant la rentrée. Depuis, son but c'était de traquer les troubles-fêtes. Enfin... traquer... disons qu'il était un peu trop gentil par moment trop... tolérant à l'encontre de ses prochains.

Autre problème, c'est que les autres élèves échappaient facilement à sa vigilance. Trop tête-en-l'air. Quelles étaient ses qualités déjà ? Oups, oubliées au profit d'un nuage passant par là. Ses camarades le rappelaient souvent à l'ordre. Gabriel, on y va. Gabriel, on doit aller en cours. Gabriel pas par là ! Gabriel tu m'as écouté ? Gabriel ! Il soupira et se frotta les yeux avant de sursauter à cause d'une féroce voix... appartenant à une première année.

Le Poufsouffle fronça les sourcils. Il était tellement perdu dans ses pensées qu'au lieu d'aller à sa salle commune, il se retrouvait dans le couloir opposé. Heureusement qu'il avait une heure de libre... Non seulement avait-il dévié de sa trajectoire initiale mais en plus il y avait une première année qui se baladait dans les couloirs au lieu d'être en cours.

Il se dirigea vers la voix, bien décidé à réprimander l'élève qui se promenait.

- Toi là, qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Gabriel un peu sévèrement.

Il se surprit lui même avec ce ton. Il en était très heureux en même temps puisqu'en temps normal, il se sapait tout seul son autorité. Enfin... tout est relatif. Quand il était décidé à quelque chose, Gabriel y parvenait d'une manière ou d'une autre. Au fur et à mesure qu'il s'approchait de l'élève, il aperçu la cravate de Gryffondor.

Oh pas bon pour elle. S'il ne se trompait pas, elle devait avoir cours de potion avec les Poufsouffle et le tyran qu'était le professeur Rogue. Finalement, il pourrait peut-être laisser passer pour cette fois, après tout la chauve-souris des cachots devraient la torturer suffisamment longtemps pour qu'elle ne se balade plus dans les couloirs. Enfin, si elle se baladait. Gabriel manquait vraiment de bon sens. TOUS les élèves savent à quoi s'attendre avec Rogue alors pourquoi irait-elle en balade ?

Il se frappa le front avec la paume de la main.

- Faudrait vraiment que je réfléchisse un peu plus moi, marmonna-t-il pour lui même.

Mince ! Le château est grand...

Tout est froid et sombre dans les cachots ? Gabriel n'était pas d'accord. D'abord, il y avait la salle commune des Poufsouffles. A elle seule, elle éclairait une bonne partie des sous-sols et réchauffait pas mal l'endroit. Ensuite il y avait la cuisine. La cuisine oui, lieu sacré par excellence. C'était là-bas que l'on trouvait le bonheur, là-bas que la nourriture exquise se trouvait...

- Donc maintenant les Gryffondors sont défaitistes et bougons ?

Le préfet regardait la jeune sorcière, les bras croisé, avec un air de défi sur le visage. Il n'aimait pas tant voir les plus jeunes désemparés, ou encore de triste humeur. Tant qu'à faire, quitte à être un mauvais préfet et ne pas sanctionner la métisse, il lui remonterait le moral et la ferait changer d'avis et ce au moins jusqu'à ce qu'elle arrive à la salle de cours.

- Tu sais que les cachots peuvent être sympas hein, j'te dis ça comme ça. Après t'es pas obligée de me croire, même si tu devrais, termina-t-il en lui faisant un clin d'oeil et en lui ébouriffant les cheveux.

Le sorcier était curieux d'entendre la réponse de la Gryffondor. Réagirait-elle plus encore que ce qu'il espérait ? Si son instinct (et accessoirement expérience en tant que grand frère enquiquineur) était bon, elle se rebifferait.

Mince ! Le château est grand...

- Toucher mes cheveux c'est comme prononcer le nom de Vous-Savez-Qui. C'est INTERDIT !

Gabriel ne put s'empêcher de s'esclaffer. Faire une telle comparaison était risible. Surtout qu'en tant que né-moldu, il ne comprenait pas réellement la peur panique qui touchait les sorciers à l'entente du nom de Voldemort. Certes, il avait étudié l'histoire, mais de là à en avoir peur... C'était comme si pendant la seconde guerre mondiale, les gens n'osaient pas dire le nom d'Hitler. Bon, après tout, ce n'était peut-être pas comparable. Mais quand même ! La situation était plutôt similaire...

- Je touche tes cheveux si j'en ai envie petite crevette.

Ah, pas sûr qu'elle apprécie d'être appelée petite crevette, mais ça lui avait échappé. Il avait l'habitude d'appeler Hernesta comme ça, surtout que les deux fillettes avaient le même âge et la même taille et le même répondant. Pas de doute, si sa soeur avait elle aussi fait des démonstrations de pouvoir, elle aurait terminé à Gryffondor aussi. Elle rétorqua qu'elle devrait se dépêcher d'aller en cours avant de coûter cher à sa maison. Pas faux, surtout que le poufsouffle ne voulait pas d'une guerre avec les lions. Après tout, s'il ne l'emmenait pas rapidement, il aurait la responsabilité de la perte des points des rouges et or sur le dos. Oh mais c'était peut-être pas une mauvaise idée après tout ! A eux la coupe des maisons !

- Pas faux, soupira-t-il. Bon allez, suis moi. Rogue ne risque pas d'être enchanté...

Il réprima un frisson, ayant eu une vision de Rogue ravi... Quelle étrange idée. Ca n'existait pas ce genre de chose, ça devrait même être interdit !

- Tiens, pendant qu'on est en chemin, tu t'appelles comment petite crevette ?

- Juliette la crevette, ricana-t-il. Ca rime drôlement bien, continua-t-il pour enquiquiner la Gryffondor. Monsieur le préfet s'appelle Gabriel.

Il avança en direction de la salle de potion, qui n'était déjà plus très loin.

- En vrai, tu as eu de la chance de tomber sur moi. T'aurais fait quoi si c'était le préfet de serpentard qui s'était pointé ici ? T'aurais continué à pleurnicher ? Surtout que mon homologue t'aurait jeté dans la fosse aux lions sans même s'occuper de savoir si Rogue te punirait, si jamais ça pouvait lui rapporter des points, il le ferait avec une remarque désagréable.

Il grimaça, repensant à sa première année. Il avait vécu une mésaventure similaire, mais pas de préfet de poufsouffle en vue, sympa. Non, juste un préfet de serpentard excédé et imbu de sa personne... Il s'était promis de se venger, et il l'avait fait avec l'aide de ses amis. C'était pas une vengeance monstrueuse, mais quand même, l'humiliation pour le serpentard était là.

Cette histoire lui avait fait perdre vingt points pour sa maison, mais ça valait le coup. Surtout que plus tard, le préfet de sa maison cette année-là était venu le féliciter... Paraît-il qu'il faisait vivre un enfer même aux autres maisons. Même si cette histoire datait et que le préfet en était un autre, les serpentards semblaient avoir cela en eux : le malin plaisir de rabaisser les autres.

Gabriel ricana. Cette petite ne manquait pas de cran. C'était très drôle. Il donnerait presque n'importe quoi pour voir un serpentard de cinquième année avec des dents longues. L'image était tellement drôle.

- Bien sûr que je connais les autres préfets. Ceux de serpentards, commença-t-il pensif, ils ne sont pas atroces... Pas exactement. Ils ne sont pas exactement sympathiques non plus. Je m'entends pas super bien avec eux, j'entretiens plutôt des relations cordiales. Mais franchement, moins je les vois, mieux je me porte, soupira-t-il.

Il avança encore un peu et pointa la porte qui était au bout du couloir.

- On y est, dit-il en pointant la porte du doigt. Tu as besoin d'une excuse pour éviter de trop pénaliser ta maison ou ça ira ?

Il avait, tout le temps du chemin jusqu'à la salle, pensé à une excuse dans le cas où Juliette la crevette aurait besoin de soutien. Il ne voulait pas la laisser tomber alors qu'elle lui rappelait tant sa soeur. Et puis s'il racontait cette histoire à sa famille, son aînée lui en voudrait, tout comme sa cadette. Elles ne lui pardonneraient pas d'avoir abandonné une fille en détresse - si elle l'était.