Des hiboux, des hiboux et... ai-je mentionné des hiboux?

Blaise Zabini avait marre de monter et de descendre des escaliers à longueur de journée. C’est en ruminant que le métis gravit les dernières marches de la tour où se situait la volière. Mis à part les chouettes et les hiboux, il n’y avait pas âme qui vive : il se permit donc de lâcher un soupir. S’accrochant au parchemin qu’il tenait entre les mains de peur qu’une bourrasque vienne l’emporter au large, le Serpentard passa sa tête à travers l’une des ouvertures qui permettaient aux oiseaux d’aller et de venir.

De là, le paysage était magnifique. Il admira rêveusement le terrain de Quidditch, au loin, pensif. Blaise ne pouvait s’empêcher d’espérer, même s’il savait que les première année ne pouvait intégrer une équipe. À moins de s’appeler Harry Potter. Harry Potter. Toujouuuurs Harry Potter. Alors qu’un simple élève aurait écopé d’une dizaine d’après-midis à passer en compagnie de Rusard pour désobéissance, Potter se voyait la possibilité d’intégrer l’équipe de Quidditch de sa maison. Par Merlin, il ne savait même pas ce que c’était un mois auparavant!

L’Italien finit par se détourner. La lettre, maintenant. Après avoir caressé le plumage moucheté d’une chouette particulièrement agitée de l’école, Blaise essaya en vain d’attacher le parchemin à la patte de cette dernière. Il voulait éviter de lui faire mal—et par la même occasion de se faire mal— mais la chouette refusait systématiquement de lever la patte. Elle refusa même les graines que lui tendait le Serpentard : il n’y avait rien à faire. Peut-être était-elle malade? Le garçon se demandait s’il ferait mieux de faire appel au garde-chasse lorsqu’un bruit le tira de ses pensées. Il se retourna brusquement, glissant son parchemin dans la manche de sa cape. Drago Malefoy.

Zabini le dévisagea un instant. Il ne savait pas s’il devait le saluer ou pas. Ils s’étaient vus pour la première fois durant l’été, lors d’une soirée organisée par les Malefoy qui avait réunit plusieurs familles d’Europe au manoir de ces derniers. Il n’avait pas détesté l’expérience : le repas avait été succulent et la compagnie… pas si mal.

– Bonsoir, Malefoy, finit-il par dire avec un hochement de tête respectueux.

Des hiboux, des hiboux et... ai-je mentionné des hiboux?

avec Blaise Zabini

En chemin vers la volière, Drago relut une dernière fois sa missive en fronçant les sourcils. Sachant qu'elle atterrirait entre les mains d'un homme exigeant, il se devait de vérifier que la maladresse d'un petit garçon ne transparaissait pas trop dans sa plume, et que tout était en ordre avant expédition.

Cher Père,

Je vous remercie d'avoir levé le voile sur les interrogations de ma précédente lettre. A travers Mère, j'ai eu vent de vos dires, et je m'y raccroche comme promis.

Je vous assure m'entourer intelligemment, et je n'ai pas grand chose de nouveau à rajouter. Le professeur Rogue est absolument fascinant. J'aimerais que tous les professeurs soient comme lui, mais vous aviez raison. La plupart est corrompue.

Vous aviez aussi raison au sujet des fréquentations douteuses de ces lieux. Hermione Granger est une petite sang-de-bourbe qui vous rendrait fou si vous deviez, vous aussi, la croiser tous les jours dans ces couloirs. Dumbledore a fait n'importe quoi, comme vous l'aviez prédit.

J'ai compris ma mission. Sachez que je me montrerai digne de votre héritage. Notre nom inspirera le respect et la crainte à ces ignorants. Je vous en fais le serment.

Embrassez Mère pour moi.

D.M.

Le tout était de se montrer crédible aux yeux de son paternel. Il ne devait absolument pas le décevoir. C'était primordial.

Il n'écrivait pas de la même manière à sa mère. Son lien avec elle impliquait plus de tendresse, et peut-être un peu plus de lâcher-prise. Lorsqu'il lui adressait un parchemin, il s'autorisait quelques mots aimants d'un fils à sa génitrice, et quelques anecdotes farfelues pour conter ses aventures. Avec son père, il était question d'assurer une descendance et de s'en montrer capable. C'était social et politique, comme un soldat au rapport. Et il jouait le jeu, en perpétuelle quête de son approbation. Il n'y avait rien de plus gratifiant que de se retrouver félicité par Lucius Malefoy. En revanche, il n'y avait rien de plus humiliant que d'en subir les corrections... Drago admirait son père, mais il le craignait aussi.

Il soupira. Ca devrait faire l'affaire... Il rangea ses mots dans son enveloppe, et grimpa jusqu'en haut de la tour, à la volière. Il fut surpris d'y trouver un élève.

- Bonsoir, Malefoy, lui adressa celui-ci.

Blaise Zabini. Un sang-pur venant tout droit d'Italie qu'il avait croisé pour la première fois cet été, lors d'une soirée organisée au Manoir, avec tout le gratin -ou presque- de leur caste.

- Salut, Zabini, répondit-il en un rictus entendu, comme pour lui signifier que lui non plus n'avait pas oublié son nom.

Ils n'avaient pas réellement fait connaissance durant cet évènement fugace, ni cherché à tisser plus de liens que ça depuis la rentrée, mais Drago l'avait bien repéré. Le métis semblait extrêmement fier, bon élève, solitaire et peu bavard. Les économiseurs de mots parlaient souvent pour aller à l'essentiel, et cela imposait le respect. Il savait qu'ils avaient été élevés dans la même suprématie, et que ses idées étaient, en toute logique, aussi tranchées que les siennes. Tout cela en faisait un précieux allié potentiel cette année, et pas seulement un garde du corps comme Crabbe ou Goyle. A vrai dire, il lui manquait toujours un partenaire à sa mesure...

- Je ne suis pas mécontent de te voir ici, poursuivit-il pour engager la conversation tandis qu'il cherchait le bec de son hibou grand-duc. Alors, ta rentrée se passe comme tu veux?

Il comptait bien en savoir plus sur le mystérieux garçon.

Codage par Lou Perkins