HRPG:

La douceur de ce début de mois d'avril laissait présager un été rayonnant. Pour le jeune Malefoy, c'était surtout synonyme de délivrance, soit la fin de sa première année scolaire à Poudlard. Lorsqu'il faisait le bilan - oui, ça lui arrivait -, il ne voyait qu'une succession d'événements plus ennuyeux les uns que les autres. Un "survivant" à deux noises avait éclipsé la noblesse de son propre nom, une sang-de-bourbe répugnante avait gâché tout son plaisir à régner en maître dans toutes les matières, et un abruti de rouquin avait ponctué ce consternant tableau par sa seule médiocrité. Pourtant, il n'était pas pressé de retourner fouler la pierre glaciale du manoir. Pas totalement présent, pas tout à fait ailleurs, le petit Serpentard errait entre deux mondes sans parvenir à se satisfaire de l'un d'eux.

Pour garder une certaine logique dans sa routine, il avait dépensé quelques grains de son temps pour cracher son mépris à la figure d'un quelconque blaireau puis, quelque peu désarçonné par sa solitude, décida de zoner dans le parc pour retrouver Parkinson, Zabini, ou peut-être Crabbe ou Goyle. Il lui fallait son public pour se sentir influent. Sans ça, il n'était plus grand chose et il en avait douloureusement conscience.

Il traînait des pieds, lasse, tête baissée, butant plusieurs petites pierres comme s'il s'agissait de ses opposants pour les faire rouler le plus loin possible. Il s'attarda un instant sur le petit monticule derrière lequel il avait pris pour habitude de se cacher pour traquer ce sale nabot de Londubat à la sortie des serres de botanique, et esquissa un sourire narquois qui disparut bien vite. Il aimait ça, traquer Londubat... L'idée de le perdre de vue tout l'été le rendait presque nostalgique.

Il remarqua une semblable non loin de là. Naturellement, miss Avery ne lui était pas totalement étrangère, tout bonnement parce que son nom et le sien avaient quelques atomes crochus à en croire son paternel. Drago n'ignorait pas ces choses-là. Il était au parfum. Jamais il n'avait sérieusement adressé la parole à la troisième année, l'occasion ne s'étant jamais présentée en dehors des rapides allées et venues dans leur salle commune, et voilà qu'elle était seule à jouer avec sa baguette ; le moment tout opportun de l'aborder. Il arriva dans son dos comme un serpent, et prit le temps de l'observer. La Serpentard s'exerçait à quelques sortilèges de routine : faire léviter des bâtons, embraser l'un d'eux et... Avait-il bien entendu les mots "Spero patronum" s'échapper de ces petites lèvres ? Il ne put réprimer un ricanement face l'échec cuisant de la jeune fille, et les quelques fils argentés autour de sa baguette ne rendirent pas son jugement plus clément, bien que lui-même aurait été fichtrement incapable d'en produire la queue d'un.

- Drago... constata-t-elle en se retournant.

- Lui-même ! répondit l'intéressé en bombant le torse. T'essaies de faire un patronus ?! C'est déjà au programme de troisième année, ça ?

Il se montrait réellement curieux. Si cette vioque de McGonnagall l'avait surprise à sa place elle n'aurait probablement pas été conciliante et, la dernière chose que le petit blond voulait à cette heure-ci, c'était qu'on enlève des points à sa maison. Il voulait battre les Gryffondor, au moins sur ce terrain là. D'un autre côté, si une Serpentard surdouée pouvait leur clouer le bec en réussissant un sortilège aussi ardu à maîtriser qu'un patronus, il n'en serait que plus fier...