Une table pour deux

En cet après-midis d’hiver, Marie s’était permis une petite sortie à Pré-au-Lard. Elle avait demandé à ses amis, mais personne ne pouvait l’accompagné. Tant pis. Cette journée s’était transformée en journée solo. Elle comptait passer à la boutique de vêtement, question de dénicher un petit quelque chose pour le bal de la Saint-Valentin. Elle n’avait pas encore officiellement de cavalier, mais elle pourrait toujours trouver quelqu’un dernière minute ou y aller et profiter de la délicieuse nourriture et de la musique. Elle n’avait pas besoin d’être accompagnée.  

Cependant, elle décida de s’arrêter aux Trois Balais, le pub ou bar du village sorcier. La place était bien remplie, ce qui n’était pas étonnant vu la saison et la période de l’année. La Serdaigle parvient à se dénicher une table où elle s’assit seule et s’était commandé un chocolat chaud qu’elle sirotait tranquillement. Elle n’avait jamais été une grande fan de la Bieraubeurre.

Elle releva la tête lorsqu’une femme vint s’asseoir à la table. La femme en question semblait plutôt sympathique, du moins aux premiers abords. La Serdaigle ne se dérangea pas et la laissa prendre place. Après tout, l’endroit était remplit et sa table était l’une des seules où il restait quelques places libres.

’ C'est bondé aujourd'hui, décidément.’

Marie porta son attention vers son interlocutrice. Elle jaugea un moment pour savoir si la femme attendait une réponse d’elle ou si elle faisait une simple observation pour s’incruster en douceur. Le visage sympathique indiqua à Marie que la conversation pouvait avoir lieu et qu’elle était le bienvenue à répondre. Elle sourit légèrement.

‘En effet. Le froid et la neige amène les gens à l’intérieur. Et puis, journée de sortie pour les élèves. De quoi remplir l’endroit assez facilement.’

Elle s’arrêta de parler et prit une gorgée de sa boisson chaude.

‘ Je suis Marie-Lise. Puis-je vous demander votre prénom ?’

La jeune Serdaigle ne souhaitait paraître irrespectueuse. Elle ignorait qui était devant elle, mais aussi bien faire la conversation et découvrir.

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La jeune fille en face d'elle resta silencieuse quelques secondes, ce qui permit à Adélaïde de l'observer. Elle avait une longue chevelure châtain et des traits harmonieux, ainsi qu'un vêtement facilement reconnaissable : un uniforme de Poudlard. Celui-ci affichait le blason de serdaigle. Si ce n'était pas la maison qu'estimait le plus l'ancienne serpentard, elle restait celle qui avait le plus de mérite entre les trois autres. La seule, à vrai dire, les gryffondores et poufsouffles ne vaillant rien à ses yeux.

L'élève sourit tout en lui répondant.

"- En effet. Le froid et la neige amène les gens à l’intérieur. Et puis, journée de sortie pour les élèves. De quoi remplir l’endroit assez facilement.

La sang-pur se contenta d'hocher distraitement la tête. Il lui arrivait de bien trop parler, mais quand elle sentait que son interlocuteur n'avait pas terminé, elle se contentait de se taire jusqu'à avoir quelque chose à dire. Elle avait un certain talent d'écoute, ce qui pouvait se révéler pratique. Cela faisait d'elle une aussi bonne amie que manipulatrice.

Que ce soit le jour de sortie des petits sorciers ne l'enchantait guère. Elle détestait voir pulluler ces misérables enfants, mais elle n'allait pas s'empêcher de vivre sous prétexte qu'ils existaient. Bien au contraire même, c'était à eux de faire en fonction d'elle. C'était comme ça pour tout.

- Je suis Marie-Lise, reprit la plus jeune. Puis-je vous demander votre prénom ?

L'apothicaire eut un sourire. Elle appréciait la politesse dont faisait part cette Marie même quand ce n'était pas nécessaire. Le fait qu'elle lui soit agréable et visiblement bien éduquée lui fit éliminer l'idée qu'elle soit une potentielle née-moldue. Les sang-de-bourbe étaient des personnes répugnantes et incapables de la moindre bienséance à ses yeux. Elle accepta donc de commencer vraiment la conversation.

-Adélaïde Nott. Je suis de passage à Près-Au-Lard, normalement je vis sur Londre. Nostalgie de mes années d'étude ...

Elle n'avait pas peur de se livrer, ce qu'elle disait ne la décrédibilisait en aucune manière. Elle aimait tenir une discussion, parler outrageusement et s'épencher sur sa vie tant que cela n'avait aucune répercussion.

Une table pour deux

La jeune Serdaigle continuait de siroter son chocolat chaud tout en appréciant la compagnie de la femme qui l’avait rejointe il y a quelques instants. La conversation se déroulait plutôt bien et une autre présence amicale ne faisait aucun mal à Marie.

‘Adélaïde Nott. Je suis de passage à Près-Au-Lard, normalement je vis sur Londres. Nostalgie de mes années d'étude ...’

Nott… Marie avait déjà entendu ce nom de famille, celui d’une famille de sang-pur que la Serdaigle avait croisé dans un livre, ou autre. Elle n’était pas très certaine de sa source. Cependant, elle préféra éviter le sujet et de continuer sur autre chose. La bleue et bronze tentait d’éviter ces conflits qui touchaient au sang des personnes ou de leurs origines, cela amenait beaucoup de froissements et s’il était possible d’éviter cette conversation elle le ferait. Adélaïde mentionna le fait qu’elle habitait à Londres, et qu’elle étudier à Poudlard. Elle ne l’avait explicitement dit, mais s’il y avait une seconde école de sorcellerie près de Pré-au-Lard, Marie n’en avait jamais entendu parler.

‘« Que faites-vous à Londres comme travail? Je veux dire, après les études, qu’est-ce vous avez choisi de faire? Et, par simple curiosité, quelle était votre maison à Poudlard? »

À ce point, Marie ne cherchait qu’à faire la petite conversation. Après tout, la femme l’avait approchée et entamée la conversation avec elle.  De plus, elle était plutôt sympathique et cela rendait son après-midi solitaire un peu plus agréable.

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Marie sembla réfléchir à ses paroles un instant, avant de lui répondre.

"- Que faites-vous à Londres comme travail? Je veux dire, après les études, qu’est-ce vous avez choisi de faire? Et, par simple curiosité, quelle était votre maison à Poudlard ?

Adélaïde aimait parler d'elle et sentir l'attention des autres se porter sur sa personne. Que ce soit en bien ou en mal, elle adorait être le centre des conversations. Cela pouvait mettre certaines personnes mal à l'aise, mais ce n'était pas son cas. Elle était faîte pour briller et le savait pertinemment.

- J'étais à serpentard, finit-elle par confesser avec fierté. Et après avoir eu mon diplôme, je me suis marié. Avec mon époux nous tenons une boutique sur Londres, l'apothicaire, mais elle m'appartient bien plus qu'à lui. Nous sommes tous deux passionnés par tout ce qui concerne l'alchimie et les potions en tout genre.

Avec parcimonie, elle révélait certaines chose sur elle et en taisait d'autre. Elle disait être mariée, mais pas qu'elle ne se considérait pas comme tel. Elle affirmait qu'elle était une ancienne serpentard, tout en taisant son mépris pour les autres maisons. Elle avançait que l'échoppe lui appartenait plus qu'à Edward, alors qu'elle se contenter de la gérer sans la posséder. C'était en une minutieuse sélection qu'elle se dévoilait.

Maniant parfaitement les règles tacites d'une conversation, elle fit preuve d'un peu d'intérêt pour la cadette.

- Et toi, tu as des projets ?"

Suivant les circonstances, elle aimait qu'on la vouvoie, mais dans d'autres situations elle aimait installer un tutoiement plus confortable. Leurs dires risquaient de rester bien guindés sinon.

Une table pour deux

Marie écouta attentivement la réponse de sa partenaire de conversation. La femme qui lui faisait face semblait avoir très bien réussit après ses études et elle en semblait plutôt fière. Après tout, tenir une boutique ne devait pas être l’une des choses les plus aisées au monde. Adélaïde révéla également qu’elle était une passionnée d’alchimie et des potions, un point sur lequel la jeune Serdaigle ne pouvait la rejoindre. Bien que les potions ne soit pas une matière qu’elle déteste, il lui fallait beaucoup travailler pour réussir, plus que pour les autres cours. Marie eu une pensée plutôt clichée, une Serpentard qui se passionnait pour les potions. Étrangement, ça ne la surprit pas et elle dût retenir un petit rire idiot de sortir. Elle pouvait le penser, mais hors de question que cela sorte au public. C’était honteux d’avouer avoir cette pensée traverser son esprit lorsque l’on discute de l’école.  

- Et toi, tu as des projets ?"

La Serdaigle dût réfléchir un moment. Ses projets étaient pour le moment, un peu fous. Elle avait le plus grand désir de maîtriser la légilimencie et l’occlumencie, mais en plus, devenir ministre. Rien de moins. Peut-être Aurore, aussi. Mais, elle était certaine de vouloir laisser sa trace dans l’histoire, question qu’on ne l’oublie pas. C’était l’une de ses plus grandes peurs, mourir et simplement rester un passage éclair que personne n’a réellement remarqué. Et pourtant, il y en avait tellement.

‘Des projets un peu à droite et à gauche… J’aimerai bien passer ces formations de légilimens et d’occlumens pour commencer. Si je réussis ce serait mon plus grand rêve qui se réaliserait. Après l’école, c’est encore un peu flou. Le titre de ministre m’intéresse bien, sinon devenir Aurore me semble pour le moment des bons choix.’

Elle s’arrêta un moment. Marie ne pouvait pas réellement penser à d’autres choses qu’elle pourrait ajouter. Ce qu’elle avait dit la résumait bien, et donnait suffisamment d’informations à une nouvelle rencontre.  Notant le tutoiement dans la question d’Adélaïde, Marie se permit en retour d’utiliser la même formule.

‘Autre que l’apothicaire, tu as d’autres projets,  des rêves peut-être, complètement fou ou assez terre-à-terre.’

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Une table pour deux

La jeune Serdaigle était un peu en admiration devant la femme, mais partageait également une émotion de tristesse. Elle lui racontait qu’elle avait tout ce dont elle avait besoin. Qu’elle ne rêvait plus de rien et que ses objectifs étaient accomplis. C’était pour Marie à la fois merveilleux et surtout triste. Adélaïde ne semblait pourtant pas très vieille et avoir déjà tout accomplit à ce moment dans la vie. Qu’est-ce qu’elle allait faire le restant de ses jours? Travailler et mener l’apothicaire, sans chercher à ne rien accomplir ou vivre d’autre. La Serdaigle espérait se retrouver ainsi, un jour, mais elle s’était toujours imaginée beaucoup plus vieille, en fin de vie, pleine de rides, la vie achevée en quelque sorte. La femme, avait toutefois l’air très convaincue et Marie se dit qu’il était très certainement possible d’être heureuse dans cette situation.

‘Tant que tu es heureuse, c’est ce qu’il faut.’

La bleue et bronze finissait tranquillement de siroter son chocolat chaud. Le temps passait et elle se rendit compte qu’il était bientôt temps pour elle de retrouver les couloirs du château et d’aller prendre un bon repas. Elle était toutefois très heureuse de cette rencontre.  Mine de rien, le temps avait passé assez rapidement pour la jeune femme et elle avait passé un sympathique moment. Elle déposa sa tasse à présent vide sur la table.

‘Je crois bien qu’il sera temps pour moi d’y aller. Ce fût un plaisir de te rencontrer. À peut-être une prochaine fois.’

La Serdaigle se leva et sourit gentiment à sa compagne de discussion. Le courant était plutôt bien passé et elle espérait bien pouvoir rediscuter avec Adélaïde. Ça faisait changement des élèves ou des professeurs, c’était un peu plus mature, un bon différent. Marie serra son écharpe et son manteau. Elle se dirigea parmi la foule toujours présente et sortie du bar en direction de Poudlard.

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