Lundi. Ce n’était pas un jour que la jeune russe appréciait énormément. Elle avait remarqué, dans ses quelques années d’observations du ciel, que les lundis étaient souvent plus ennuagés que les autres jours de la semaine. En plus, ce jour maudit annonçait, normalement, les débuts d’une longue semaine de travail à laquelle Anastasia ne souhaitait pas participer. Si ce n’était pas pour sa famille qui le voulait, la rousse ne se retrouverait même pas sur le chemin de traverse à cette heure. Ce qu’elle ferait pour plaire aux siens. Encore une fois, ce même matin, elle avait dût subir une conversation sur les moldus et son statut de sans-emploi. C’étaient vraiment les sujets de discussion les plus abordés par les membres de la famille. Anastasia n’appréciait pas du tout, mais elle le cachait, pour leur faire plaisir. C’est également pourquoi elle s’était sortie du lit si tôt ce matin. Elle allait chercher un autre emploi. Encore un. La liste des endroits où appliqué se raccourcissait chaque mois, chaque fois que la rousse ne se pointait pas sur le lieu par manque de désir. C’était vraiment l’une de ses bêtes noires.
Elle avait commencé par entrée dans la librairie, parler un peu au gérant et voir s’il cherchait du personnel. Il n’avait pas été vraiment impressionné par les manières employée, ou le regard vide qu’elle avait abordée tout au long de l’entretient. L’ancienne Poufsouffle allait vraiment devoir essayer un petit peu plus fort. L’échec n’était pas une solution. On lui en voudrait pour des mois à venir. Son très cher frère avait trouvé un stage dans le cabinet du ministre. Quel honneur, quel exploit. Rien de moins pour le sang Obolensky. On attendait le même exploit chez la rousse. Le seul problème, elle ne voulait qu’écrire sur les étoiles, pas obtenir un poste important. Cela lui signerait son mariage quasi immédiat. Et cette fois-ci, la famille trouverait le moyen de régler les petits soucis de transportations et de logistiques. C’est d’ailleurs pourquoi Anastasia enchaînait les petits travails de boutiques, ça lui permettait d’éviter une union immédiate.
Après avoir fait quelques boutiques, la jeune russe s’arrêta devant un petit magasin. Il ne semblait pas particulièrement accueillant, mais elle pourrait toujours tenter. Après tout, les tenants ne devaient pas avoir énormément de demandes d'emplois. Elle prendrait vraiment tout, que ce soit un petit cinq heure le mardi ou heures par jours, ça lui était bien égal. Simple question de faire bonne figure devant le comité régisseur des Obolensky.
Elle entra, la sonnette retentit dans la boutique. Anastasia s’avança jusqu’au comptoir, derrière lequel se tenait une femme, probablement la propriétaire. Qui d’autre, à cette heure. Elle entreprit de parler, son accent russe se faisant toujours aussi fort. Elle espérait simplement que ça ne lui causait pas trop de problème dans l’obtention de divers postes. Les gens avaient parfois des tendances à réagir étrangement aux accents étrangers. Néanmoins, elle parlait le respect, celui que l’on apprend dans les familles de sang-pur.
« Bonjour. Êtes-vous la propriétaire du magasin? Je viens me renseigner sur une possibilité d’emploi. »
Un carton éventré dans l'arrière boutique contenait tout ce qu'avait commandé Adélaïde pour renflouer ses stocks. Elle avait fait un certain nombre de ventes ces derniers temps, et elle s'était retrouvée en pénurie de plusieurs articles. Cette livraison était d'ailleurs l'unique raison pour laquelle elle s'était levée ce matin-ci. Elle avait beau avoir fait la fière la veille au soir, elle avait passé une mauvaise nuit. De un, elle s'était couchée - trop - tard. De deux, son sommeil avait été bien agité. Et de trois ... Elle détestait se lever. La prochaine fois, elle se ferait parvenir son colis en après-midi.
Quand elle eut vérifié toutes les quantités, elle s'affaira à ranger les articles dans les rayons. Elle aimait toutes les couleurs et formes de ces babioles, les différentes étagères étaient agréables à regarder avec tous ces contrastes. Au bout d'une dizaine de minutes ce fut terminé.
À quoi occuperait-elle sa matinée désormais ? Ce que le temps était long ! Terriblement, affreusement, désespérément long. Prenant son papier à lettre, elle décida d'écrire à ses parents. Que leur dire ? L'ennui allait jusqu'à la priver de la moindre inventivité, elle qui en regorgeait habituellement. Cet infâme sentiment vidait son esprit pour l'empêcher de penser intelligemment. Faute de réflexions elle prenait des décisions stupides. Elle prépara donc une jolie missive pour demander à son père si elle pouvait venir passer quelques jours de vacances chez lui. S'éloigner de Londres ne pourrait pas lui faire de mal. Pour le moment en tous les cas, cela lui semblait judicieux.
Alors qu'elle signait, une jeune femme entra dans la boutique. Adélaïde la dévisagea. Le visage de cette rouquine ne lui était pas totalement étranger, et pourtant elle ne la connaissait en rien. La nouvelle venue s'approcha.
" - Bonjour. Êtes-vous la propriétaire du magasin? Je viens me renseigner sur une possibilité d’emploi.
La sorcière s'exprimait avec un fort accent russe. C'était assez étrange, mais la brunette aimait l’exotisme. Cela lui permettait de voyager même en restant chez elle. Elle l'étudia encore un peu. Elle semblait assez jeune, encore pleine de vie. Et sa demande ... Engageaient-ils ? L'apothicaire se souvenait en avoir vaguement discuté avec Edward, mais il ne s'était accordé sur rien. Peut-être un peu de compagnie la distrairait-elle. Il fallait y réfléchir. Ainsi elle pourrait mener un entretien en quelques questions particulières.
- Et pourquoi cherchez-vous du travail ?
Aussi étonnant cela pouvait-il paraître, c'était l'une des réponses qui lui paraissait la plus importante.
Invité
Re: Un emploi de rêve - Dim 29 Oct - 0:29
Un emploi de rêve
Anastasia observait la femme devant elle. Elle cherchait des signes qui pourraient trahir un quelconque besoin, une attente de réponse qui ferait augmenter les chances de la russe à un futur emploi. Ce n’était pas l’endroit de rêve, loin de là, mais îl allait aider à calmer les parents le temps de quelques mois. Jusqu’à ce qu’elle décide de ne plus venir. Elle avait sérieusement besoin de faire quelque chose qui lui plaisait. Ça faisait tellement longtemps. Elle avait commencé un livre sur les étoiles et les astres, par contre, il ne s’était jamais terminé. Trop d’obligations su le côté, trop de devoirs envers son sang. Qui a dit que sa vie était facile. Certes, sa famille était riche, mais ses priorités devaient s’enligner avec leurs désirs. Tous les membres ne formait qu’un. Ils devaient partager idéologies, passions et désirs. Très peu de place pour l’individualité et les rêves. Mais ce qu’elle aimait cette famille. Elle ne la changerait pour rien au monde.
- Et pourquoi cherchez-vous du travail ?
La jeune russe sourit. Elle se doutait bien que la raison qu’elle avait en tête n’allait convaincre personne de lui laisser une chance. Heureusement pour elle, elle était habituée à trouver des réponses plus ou moins voulues tout en se voulant convaincante. Elle pouvait le faire avec sa famille depuis des années, alors avec de parfaits inconnus, aussi doués soient-ils, elle pouvait s’en sortir. Elle sourit poliment.
« J’ai terminé l’école de sorcellerie il n’y a pas si longtemps, un travail serait le bienvenue, question de bien s’ancrer dans ce monde d’adulte. Et puis, je fais plaisirs à la famille. Le parfait des deux mondes. »
En vérité, elle n’en voulait pas de ce travail. Elle n’y était pas du tout intéressée et aurait préférée faire autre chose. Mais sans avoir complètement mentit sur toute la ligne, elle le faisait réellement pour que sa famille soit heureuse. En plus, Anastasia n’avait pas trop insisté sur l’importance. Elle voulait faire comprendre que c’était vraiment une tentative d’intégration, d’une ancienne élève au monde du travail. Un nouveau pas dans la vie. Elle avait naturellement omis le fait qu’elle avait enchaîné quelques boulots auparavant et qu’elle n’avait pas la motivation d’y rester longtemps. Quelques mois tout au plus.
