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MessageDu tissu dont on fait les rêves (Flashback) Du tissu dont on fait les rêves (Flashback) Empty- Jeu 25 Jan - 16:35
Le cri de l'albatros avait surmonté le bruit du roulis des vagues pour lui vriller les oreilles.

Pendant quelques fugitives secondes il avait même occulté le soleil. Véritable forteresse des airs, titan des nuées, il avait fondu sur le garçon, faisant claquer son bec vers son visage. Il était comme une lance, ce bec, légèrement recourbé au bout, à la manière d'un crochet.
Cloué sur la plage, rivé au sable, le petit bonhomme avait eu peur, mais il avait vaguement admiré l'animal pour son envergure. Pour ses grandes ailes, noires dessus, blanches et humides par en dessous. Puis la peur s'était frayée à nouveau un chemin en évinçant l'admiration. C'était à cause des yeux. L'Albatros les avait petits et noirs, presque en boutons. Les plumes sur ses arcades sourcilières étaient légèrement inclinées, lui conférant un air menaçant, réprobateur.

L'adolescent s'était habitué au cauchemar.  Il lui fallait juste s'adosser contre le montant du lit pour ne pas se laisser surprendre par des remontées acides innatendues. Souvent il en avait au réveil. Aux mauvais réveils.

Il en était venu à le considérer aussi naturellement que le rythme des saisons. Il le faisait toujours aussi souvent, presque une fois par semaine. La plupart du temps il se réveillait au son du cri. Parfois il n'émergeait pas et le subissait jusqu'au bout.
Il éprouvait en vérité une satisfaction inexplicable à connaitre le vrai nom de l'oiseau. Il n'avait pas été simplement attaqué par un malfaisant albatros. Il avait en fait rencontré un Diomedea exulans en pleine force de l'âge.Un oiseau redoutable, qui en sus d'avoir une fois assailli un petit garçon sans défense et de lui avoir fait mouiller sa culotte, pouvait parcourir plus de vingt mille kilomètres en moins de cinquante jours.
Mais l'enfant qu'il avait été ne savait pas tout cela. Et comme l'ignorance même fatalement à la peur, il avait cru se retrouver en face d'un volatile capable de le bouffer sur place, sans autre forme de procès.

Des années plus tard, l'adolescent songerait alors que la mémoire humaine est véritablement prodigieuse. Huit ans après cette mésaventure, malgré la frayeur qu'il avait éprouvé, il pouvait parfaitement se remémorer chaque petits détails. Chaque détails insignifiants, ridicules, comme la grosse conque fendue en son milieu qui se trouvait sur sa droite alors que l'oiseau fondait sur lui.

C'était à cause de cette conque nacrée qu'il était descendu sur la plage. Blanche, avec des reflets rosés, elle lui avait paru comme une couronne abandonnée là. Un trophée plus que parfait pour un petit bonhomme avide. Il avait absurdement pensé que la conque devait être un roi parmi les moindres coquillages, et que s'il devait en possédait un, un seul, alors se serait la conque. Enfoncé dans le sable, elle pointait le ciel et ne bougeait pas lorsqu'une vague venait à la fouetter.
Le vent déchaîné avait sinué dans le creux du coquillage, qui avait en réponse vibré, vibré à en lâcher une longue note.

Fouuuuum.

Comme si la conque lui demandait de venir, pour la ceuillir du sable. Cependant, comme dans les contes, le trésor avait eu son gardien.

L'albatros avait un cri particulier, au début éraillé puis ensuite perçant, remarquablement fort. Le garçon s'était imaginé courir jusqu'aux falaises, sans se retourner. Pieds nus, il aurait volé comme le vent, courant plus vite que le monstre ne volait. Pourtant, pour la première fois de sa courte vie, il en était venu à maudire l'ascendant de son corps sur son esprit. Ho, bien sûr, il ne le formula pas comme cela sur le moment. Mais c'était bien l'amère constat qu'il devait faire.

Il voulait courir, il savait qu'il fallait courir, qu'il devait porter sa main à son visage pour protéger ses yeux, mais rien ne se passa. Rien ne se produisit en dehors de l'urine qui avait rapidement conquis la surface de son pantalon de velours côtelé. Ses jambes lui avaient désobéi, demeurant lourdes, figées. Traitresses, elles s'étaient dérobées sous lui quand l'albatros l'avait percuté au niveau du torse, le faisant rouler au sol, le souffle coupé.

Les grandes ailes battaient tout autour de lui, le sable volait dans ses yeux. Une extrémité de l'aile droite l'avait percuté à la même épaule, faisant éclore dans le muscle une douleur dont il ne soupçonnait pas l'existence. Il était encore jeune, il ne s'était jamais vraiment blessé. Plus tard, lorsque sa mère avait voulu osculter son épaule en lui tirant sa manche de chemise, elle avait tellement enflée qu'il avait fallut coupé le tissu. La chair s'était révélée jaune et violette, gonflée.

C'est du coin de l'oeil et entre ses paupières parsemées de grains de sable qu'il avait entrevu une silhouette lointaine, sur les falaises. Sûrement un de ses oncles, il avait alors pensé. Sans se tromper, il avait sur le moment et malgré sa panique et sa douleur identifié Erwyn, à la finesse de sa taille et de ses épaules. D'aussi loin qu'il était alors, il avait vu la silhouette onduler d'une manière particulière afin de perdre de la masse et de la taille.

Au même moment ou les serres de l'oiseau lui avaient déchiré son pantalon au niveau du gras de la cuisse, il s'était su sauvé. Depuis la plage il voyait voler vers lui un grand héron, dégingandé mais rapide. L'oiseau avait une absurde moustache de plume au dessus du bec, fournie et en bataille. Malgré son jeune âge, le fait de vivre à Orrisdale lui avait appris que la plupart des Animagus, sous forme animale, conversaient une particularité physique présente sous leur forme humaine.


Il avait espéré une affrontement grandiose, digne d'un conte encore une fois. Un choc des titans, grandes pattes contre grandes ailes. Mais au lieu de cela il avait véritablement poussé un cri d'indignation en voyant ce lâche albatros prendra la fuite au large, disparaitre rapidement au coin d'une falaise cotières. En un clin d'oeil il s'était retrouvé dans les bras de son oncle, la fameuse moustache drue en train de lui gratter le cuir chevelu.

Comme dans la réalité, ce contact rassérénant mettait fin à son rêve. Du noir de la chemise de son oncle sur laquelle il avait les yeux rivés, il ouvrait ces derniers sur l'obscurité de sa chambre. Il ne lui fallait à chaque fois que peu de temps pour se rendormir.

Avec le temps, on s'habituait à tout.
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MessageRe: Du tissu dont on fait les rêves (Flashback) Du tissu dont on fait les rêves (Flashback) Empty- Jeu 1 Fév - 15:50
Les violons flottant dans les airs emplissaient la salle d'une grandiose musique !:
Le rêveur ne se voyait pas vraiment, mais il se savait plus grand, plus beau, plus large d'épaules qu'il ne l'était en réalité.

Il devinait la présence d'un petit bouc du meilleur goût au bout de son menton. Son attitude altière se mariait à merveille avec sa lourde tenue d'apparat bleu azur à crevées d'argent. Son ample fraise de dentelles blanches qui le contraignait à garder sa tête dressée renforçait encore plus  son port altier. Même ses bottes montantes de cuir faisaient agréablement résonner les pavés de pierre de la Grande Salle de Poudlard.
Quoi de plus naturel que de se présenter à son avantage à un bal auquel il avait été convié par la célèbre Rowena ?

Il avait défié le sorcier sans aucune crainte, avec l'assurance de gagner, avec la certitude de s'en sortir facilement. Le rustre, dans une faute d'étiquette impardonnable, avait choisis le même moment que lui pour offrir son présent à Rowena. Alors qu'Everard présentait à Serdaigle le lourd coffret, un genoux en terre, son malappris d'adversaire avait fendu les rangs de la foule pour tendre à son tour un collier en or étalé sur un coussin de velours bleu roi.

Si dans le monde de l'éveil Everard aurait fuit en silence, les joues en feu, il n'en était rien ici.

Qu'il allait en cuire à cet homme, qui effrontément s'avisait de tourner autour de sa Rowena !
Cette dernière, d'ailleurs, lui avait décoché un très discret sourire quant il avait jeté son gant au visage du saltimbanque. Elle approuvait, à coup sûr !

La foule de spectateurs pleine de murmures recula et forma un cercle autour d'eux, Everard tendit l'oreille et comprit que les sorciers prenaient les paris !
Qu'ils fassent donc, tant qu'ils étaient conscients que le duel n'était qu'une formalité. Son triomphe était acquis. Lui, un Dippet, n'allait même pas avoir besoin de mouiller sa chemise.

Son adversaire et lui avaient salué dans les règles de l'art, puis les sortilèges s'étaient mis à fuser. Son bouffon d'ennemi avait ouvert les hostilités en lui décochant deux rapides  Stupéfix.
La foule retint son souffle... un femme cria soudain ! Une salve de plusieurs Stupéfix pouvait être mortel dans certains cas, et ce pendard venait de viser droit sur son coeur.

Everard exécuta avec brio la version informulée  du sortilège d'Animation des Objets, poitant du bout de sa baguette sa cape de fourrure. Celle-ci se dégrafa rapidement et, consciente, s'érigea comme un bouclier juste devant lui.
Après avoir pris de plein fouet les deux sortilèges, elle retomba au sol, fumante.

- Tes talents sont comme ton honneur... inexistants !

Sa baguette dirigée vers une torche, il lança un sortilège d'Amplification Primitive pour exciter les éléments.

- Extollendam Elementum !

Avec une grande maitrise, il incanta en silence une petite modification qui fit que les flammes jaillissant de la torche prirent la forme d'un Augurey avant de filer vers son adversaire. Ce dernier contra l'oiseau de feu avec un Aguamenti bien dirigé, puis répliqua une nouvelle fois par une volée de trois Stupéfix qui fusèrent de sa baguette presque en même temps, vers son coeur. Visiblement, l'homme voulait sa mort.

Cette fois-ci, Everard eu recourt à une sortilège d'animation dirigé contre sa propre ceinture... l'objet en cuir se tortilla comme un serpent, s'allongea et dévia les sortilèges rouges en les cinglant à la manière d'un fouet, la large boucle d'argent en avant.

Las de faire étalage de ses talents en métamorphose, il décida d'en finir. Agitant sa baguette vers un des pesants lustres de la Salle, il désigna ensuite son adversaire...qui poussa un cri quand il vit le luminaire prendre vie et venir l'entourer de ses nombreux bras.

Passé de coq arrogant à poule mouillé, il demanda grâce. Une fois libéré, un Avis et un Oppugno Tempore plus tard, il prit la fuite en se protégeant la tête des mains, poursuivit par une volée agressive de Focifères.

Avec un magnifique Orchideus Maxima, il suscita un immense bouquet d'iris piqueté de muguet dans les mains... pour le plus grand plaisir de ses dames, il le jeta dans la foule, où une jeune sorcière l'attira entre ses bras grâce à un rapide Accio.
La friponne était vif d'esprit et jolie, mais rien ne valait pour lui Rowena. Conscient de rêver, conscient qu'il risquait à tout moment de se réveiller, il se dirigea rapidement vers elle sur l'estrade, pour la rejoindre.

Il n'eut même pas le temps de réclamer le baiser du vainqueur.

Sa dernière vision avant l'éveil fut l'éclat fugitive de saphir au poignet de la fondatrice...
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