Aujourd'hui était un jour savoureux. Un jour à embêter du sang-de-bourbe! Il le sentait, et son humeur taquine ne faisait que l'encourager à penser dans ce sens. Lui qui était si renfrogné habituellement, paradait dans les couloirs du château tel un grand Prince, presque en sifflotant, d'un vil regard qui criait "Qui vais-je bien prendre pour cible? Toi? Toi? Ou toi...?".

Les couloirs étaient un terrain de jeu idéal, surtout pour une embuscade. C'était là qu'allaient et venaient tout le monde pour aller d'une salle à une autre, et il y avait de tout. Du sang-pur, du mêlé, et du cracra. Miam! Et justement, qui c'était là-bas? Adossée contre un mur, qui songeait probablement à sa misérable existence? Cette petite Ambrose, pardi! En plus d'avoir un sang souillé, elle appartenait à la maison des losers: les Gryffondor. POUAH. Son minois en amadouait peut-être certains, mais pas Drago. JA-MAIS. Il en ferait son casse-croûte, voilà tout. Du reste, elle lui donnait le bâton pour se faire battre puisque la chevalière avec laquelle elle jouait bêtement depuis quelques minutes lui échappa des mains. Son air paniqué le fit pouffer, et lorsqu'elle se mit à quatre pattes pour retrouver son bien, il étira un sourire carnassier. Il se rapprocha de la fillette qui, miro comme pas possible, n'avait pas réalisé que sa chevalière avait roulé bien plus loin. Presque aux pieds de son futur agresseur, en somme. Il s'empressa de récupérer son Précieux et de lui lancer :

- Ambrose. Tu as enfin compris où était ta place, on dirait!

Elle grommela quelque chose dans sa barbe, mais il ne put en comprendre le sens distinctement. La fillette se releva en affichant une mine passablement exaspérée, avant de s'emporter au quart de tour lorsqu'elle réalisa qu'il affichait sa chevalière devant son nez comme un trophée.

- Rends moi ça tout de suite!!!!

- Teuh, teuh, teuh, dit-il en éloignant son bras, pas si vite, Ambrose! Pour ça tu vas devoir me faire une petite faveur, rajouta-t-il le regard vicieux. C'est bien simple, soit je garde ta bague en toc - ou je la jette, je sais pas encore -, et je fais de toi mon martyr toute l'année, soit je te donne une mission et, si tu la réalises bien, je te la rends... mais je t'embête quand même toute l'année. C'est toi qui vois!

Quelle clémence! Lui-même se surprenait. En fait, il avait surtout envie de jouer, et de la torturer un peu au passage. La voir froncer le nez était résolument amusant!

La fillette ne manqua pas de réagir vivement à sa fourberie, pour son plus grand bonheur!


- Rends-moi ça!

- Héhé, nan! surenchérit-il en levant son bras d'autant plus haut pour rendre la chevalière inatteignable.

- Je ne vais pas faire tes stupides missions!! Et puis c’est quoi votre problème avec la modestie? Vous pouvez juste être trois seconde normal, au lieu de se prendre pour le roi de mon trou du cul!

Drago cligna des yeux, surpris. Qu'est-ce qu'elle était vulgaire! Un truc de sang-de-bourbe encore!

- Le roi de ton truc dégoûtant?! Non! Mais le Roi tout court ouais! Tu finiras par l'intégrer Ambrose! Ici c'est moi le patron! enquilla-t-il très amusé.

La fillette sortit alors sa baguette et la pointa sur lui.

- D’ailleurs, ce n’est pas Ambrose, mais Aube… incroyable tu n’arrives même pas à retenir un prénom, c’est fou, vous êtes tout comme ça?! Maintenant donne la moi, sinon tu risques de le regretter et de passer une très mauvaise nuit à l’infirmerie

Il l'imita et sortit la sienne. C'était pas Granger en face de lui, et bien qu'il méprisait cette dernière, intimement il reconnaissait la craindre davantage question sortilèges que la petite Ambrose. Il pointa également son arme vers elle, affichant une mine défiante, la perçant de ses yeux froids et foudroyants. Ainsi elle était chagrinée qu'il lui épargne quelques familiarités? Il lui apprendrait, tiens.

- T'as pas bien compris, AM-BROSE, insista-t-il, t'es pas ma copine, tu n'es rien du tout en fait, rien que de la vermine, et tu mérites pas que je t'appelle par ton prénom. En fait, tu comprends rien à rien, en plus d'être une sale sang-de-bourbe, t'es bête! Tu crois que tu me fais peur, petite?!

Il crachait sur elle comme s'il s'agissait d'un insecte. Crabbe et Goyle n'étaient pas bien loin, et il y avait du passage dans le couloir. Si la fillette lui lançait un sort, un prof ne tarderait pas à tomber sur eux pour la corriger. En plus de le rassurer, cette perspective l'enjouait beaucoup.