Tokyo se promenait tranquillement dans les rues de Pré-Au-Lard. Pour ne pas changer ses habitudes, il errait seul, ou du moins, accompagné de son chat miniature qui suivait partout son jeune maître, caché dans une de ses poches aménagées.

Le poufssoufle avait visité diverses boutiques, mais celle qu'il aimait par-dessus tout était sans conteste la librairie. Il était rare qu'il fasse des folies, il préférait conserver ses gallions pour le jour où, peut-être, il montera son entreprise. Cependant, feuilleter les livres à la découverte de renseignements intéressants lui plaisait énormément. Ce qu'il appréciait également de cet endroit, c'était sa tranquillité. Il était rare que la librairie soit bondée à cette période de l'année où les élèves préféraient se rendre chez Zonco.

Aujourd'hui, Tokyo souhaitait découvrir d'autres boutiques et se dirigeait à l'aveuglette à travers les rues du village. C'est alors qu'il aperçut un groupe de poufssoufle qui venaient dans sa direction. Le sorcier enfila son capuchon et fit semblant de regarder les babioles d'une vitrine avant d'entrer dans le premier commerce qui fut à sa portée. Il ne savait pas pourquoi il avait agi de la sorte. Tout ce dont il était certain, c'est que le groupe était trop imposant pour lui et qu'il préférait éviter de se faire interpeler.

Dans tous les cas, il était maintenant chez Gaichiffon. Il s'agissait d'un endroit qu'il n'avait jamais visité auparavant et qui était ,bien plus souvent, fréquenté par des filles. Le jeune homme haussa des épaules, baissa son capuchon et se faufila à travers les rayons. Les étales étaient bien garnis et on pouvait trouver de tout : aiguilles à tricoter, laines en tout genre, pull, capes, chapeaux et même des mitaines pour hommes. Parmi ces dernières, le jeune homme en trouva une paire qu'il apréciait particulièrement. Elles étaient bleues et noires, sobres et surmontées d'une attache en scratch. La sienne, qui ne quittait jamais son poignet gauche, commençait à être usée et peut-être était-il temps pour lui de la changer.

Après quelques instants à réfléchir, il observa un groupe de filles situé juste à côté de lui. L'une d'entre elles semblait hésiter longuement entre deux écharpes de colories différents.

- Laquelle va le mieux avec la couleur de mes cheveux ? L'entendit-il demander à ses amies. Le sorcier décida qu'il était temps d'aller visiter une autre boutique et s'en retourna. Cependant, dans sa hâte, il heurta le mannequin situé derrière lui et qu'il n'avait pas encore aperçu. La poupée grandeur nature tomba, comme au ralenti en plein sur le jeune homme. Ce dernier, eut le temps de l'attraper afin qu'elle ne touche pas le sol, mais se trouvait maintenant en mauvaise posture. Il se débattit quelques instants dans les entremêlements de la robe de sorcier dont le mannequin était vêtu et parvint à le redresser.

La boutique se remplissait à vue d'œil et Tokyo apercevait déjà beaucoup trop d'uniformes de Poudlard de couleur jaune qui déambulaient parmi les rayons divers de vêtements en tout genre. Il était certain que dans le lot, il pourrait reconnaître quelques compatriotes du gang des blaireaux noirs. Lorsqu'il renversa le mannequin installé sur son piédestal en arrière de lui, Tokyo s'en dépêtra comme il put et gêné, jeta quelques regards tout autour de lui et croisa les doigts pour que personne ne l'ait remarqué.


« Un petit coup de main ? »

Le jaune et noir sursauta et se retourna, une grimace gênée sur la face. Il s'agissait d'Andromeda, une fille qu'il connaissait de nom et qui, bien souvent, étonnée Tokyo de son hyperactivité. Il avait appris que celle-ci voulait postuler dans l'équipe de Quidditch et il approuvait l'idée, avec une personne qui débordée d'autant énergie, les jaunes et noirs pouvaient espérer remporter la coupe cette année. Pour autant, il n'avait jamais pris la peine d'entamer une discussion avec la jeune fille. Rien d'étonnant, le garçon redoutait de se mélanger, outre mesure, au gang des blaireaux noirs ou à n'importe quelle autre maison. A vrai dire, il ne savait pas s'il était capable d'enchaîner plusieurs phrases et craignait les questions embarrassantes. Il était tellement plus facile pour lui de fuir plutôt que de se retrouver mêler dans les trépas d'une tirade de mots qui aurait pu l'obliger à se confier à son insu.

« Vu le monde qu'il y a ici, tu as de la chance que ce ne soit qu'un mannequin que tu as bousculé. »

Andromeda n'avait pas tort et il était chanceux surtout de ne pas avoir renversé une petite fille qui se serait mise à pleurer et à hurler à la mort dans la boutique jusqu'à ce que le monde lui lance ce genre de regard que personne ne veut sentir poser sur soi. Celui qui culpabilise encore un peu plus et qui t'exprime clairement que tu es une petite ordure tirailleur d'enfants. Un petit tic nerveux apparut sur le visage du jeune homme qui lui répondit, sans aucune émotion dans la voix:

- Oui, une chance...

Le jaune et noir ne savait pas quoi répondre d'autre. Il s'aperçut qu'il avait encore une des mitaines qu'il comptait acheter dans les mains. Il roula des yeux, ne sachant où se mettre face au petit sourire de la jaune et noire. Il lui dit en détachant les mots, un peu gêné de la situation ridicule dans laquelle il s'était mis.

- Bon...Merci pour... Heu... ton aide...

Et voilà qu'il s'enfonçait encore un peu plus. Il se sentait pathétique.