Le jeune sorcier se promenait nonchalamment sous le temps particulièrement nuageux qui menaçait les rues de Pré-au-Lard. Tokyo ne voulait pas rater un de ces rares moments qu'il pouvait passer dans les périphéries de l'école. Ces temps-ci plus particulièrement, il était fatigué, épuisé, le temps n'était plus à la fête et le retour à la réalité était brutal. Il s'était presque échappé du château en courant sans même prendre la peine de saluer poliment le professeur McGonagall qui s'occupait des autorisations parentales.

Il ne savait pas s'il devait en rire et en pleurer, il repensait à sa convocation avec la psychomage et cette situation le mettait un peu sur les nerfs. Il ne savait pas ce qu'il allait dire. Non il n'en savait rien du tout. Quelque part, il se sentait stressé et d'autre part agacé. Il savait cependant qu'il l'avait un peu cherché à sécher les cours ces dernières semaines. Il se doutait que ce comportement allait lui apporter des problèmes et cette convocation était peut-être le début d'une longue série de contraintes qu'il n'avait pas envie d'affronter. Un regard sur les nuages qui flottaient au-dessus de sa tête lui fit pousser un long soupir d'exaspération.

Sans s'en rendre compte, le sorcier se dirigeait d'un endroit à l'autre sans but précis. Il était maintenant dans l'une des petites ruelles de Pré-Au-Lard. Celle-ci, plus sombre que les autres étant donné la couleur des murs vieillis des habitations abandonnées, n'était pas particulièrement accueillante. Une odeur aigre de déchets accumulés depuis trop longtemps piquait le nez du garçon et quelques couinements indiquaient sans aucun doute que les rats s'étaient accaparés les lieux. Pour compléter le tableau, le vent qui s'engouffrait par endroit ajoutait à cette ruelle, déjà sordide, un sentiment d'insécurité, comme-ci le vif claquement des volets donnait vie aux maisons.  

Le jeune sorcier, n'avait pas le souvenir d'être déjà passé par cet endroit. Il s'en étonnait particulièrement. Il avait l'habitude de toujours éviter la trop grande fréquentation de l'allée principale et la déviait la plupart du temps. Durant un instant, il hésita à s'engager plus dans la ruelle et recula d'un pas ou deux. Il avait un mauvais pressentiment. Quelques secondes passèrent et Tokyo observait attentivement les lieux. Si une ombre avait surgit derrière les bennes à ordures, il n'en aurait pas été étonné. Il se trouvait stupide et ne put s'empêcher de laisser entrevoir un très faible sourire en coin, à peine perceptible, puis il fit demi-tour.

Quelle imprudente erreur le sorcier avait-il pu commettre ? Il n'avait eu que deux options, parmi les deux, avait-il choisi la plus regrettable ? Il ne connaîtrait probablement pas les conséquences qu'il aurait eu à subir s'il s'était engagé, sans hésitation, dans la sombre et déplorable ruelle. Il ne découvrirait sans doute jamais si son instinct avait eu une honorable raison de lui indiquer de ne pas pénétrer dans ce lieu sordide. Non, le sorcier s'en était retourné vers une meilleure traversée et il regrettait amèrement sa décision.

A peine repéra-t-il une ombre exhibée non loin de lui qu'il reçut de plein fouet une boule de poudreuse en pleine face. Surpris par la soudaine froideur qu'il ressentit sur son visage, Tokyo recula vigoureusement d'un pas avant de comprendre ce qu'il lui arrivait. Un projectile lui avait été lâchement balancé sans raison. Il ne lui fallut pas longtemps avant d'apercevoir l'origine de ce méfait. Pourquoi ça ne le surprenait guère ? Si le sorcier possédait un don inopiné dans l'esquive des verts, Finn était classé lui aussi dans les indésirables du jaune et noir. Il ne doutait pas de la sympathie du garçon, mais ses pitreries ne l'avaient jamais enthousiasmé outre mesure. Peut-être que quelques-unes se révélaient parfois drôles et quelques années auparavant, Tokyo aurait pu apprécier la plaisanterie et émettre un de ses rires jadis si fréquents. En revanche, le passé était bien loin et dans les faits actuels, il n'en était rien, son regard se durcit sauvagement. Le sorcier n'appréciait pas se faire brutaliser de la sorte. Il était effacé, mais pas sans défense.

- « Qu'est c'que tu fous dans des ruelles pareilles, Parker ? »

Le Gryffondor se fichait ouvertement de lui. Le jaune et noir lui lança un regard noir rempli de reproches.

- Ça t'amuse ? Sérieusement, tu n'as rien de mieux à faire que de faire "mumuse" avec des boules de neige ?

Tokyo grimaça et secoua la tête de gauche à droite en signe de désapprobation.Il enleva les flocons collés à ses vêtements tout en prenant sur lui. Il ne voulait pas céder à la colère, ce n'était pas dans ses habitudes. Probablement que la force obscure qui émanait de cette sinistre ruelle l'avait rendu un peu plus nerveux qu'à l'accoutumé et que l'attaque l'avait surpris plus qu'elle n'aurait dû. Il croisa les bras à l'approche du faiseur de trouble.

Alors que le jeune sorcier essayait de calmer ses nerfs, il n'eut pas le temps d'attendre la réponse de son assaillant qu'une voix sombre et menaçante perça le silence :

- Et bien moi ça m'amuse...Qui veut faire une bataille de boules de neige avec moi ?

Trop occupé à fixer Finn, il n'aperçut pas de suite la nouvelle arrivante. Celle-ci baguette en main conçut une dizaine de boules de neiges parfaitement bien calibrées. Ces dernières, surélevées dans les airs, annonçaient le signe d'une éminente bataille que Tokyo n'avait nullement envie d'affronter. Il recula d'un pas, incertain. Il sentait la provocation de plein nez. Sans parler du visage dissimulé de l'interlocutrice qui, laissait entendre, qu'elle pouvait parfaitement songer à préparer un mauvais coup. Pas bête l'animal, le jaune et noir s'apprêtait à déguerpir, mine de rien, vers un lieu plus propice aux fréquentations, mais la réponse de Finn le coupa dans son élan :

« Ha !  Voila qui relève le niveau !  J'en suis ! »

Exaspéré, c'est le mot qu'on aurait pu mettre sur l'expression de Tokyo à ce moment-là.Finn venait de créer un énorme boule de neige difforme et rejoignait les méfaits de l'inconnue masquée. Il était stupide, totalement inconscient aux yeux du poufssouffle. Se rendait-il compte, au moins, de ce qu'il faisait ? Tokyo n'en était pas certain. Il ne connaissait pas beaucoup le gryffondor, mais ce n'était sûrement pas pour rien qu'il portait à la perfection les couleurs rouge de sa maison. Les lions étaient bien connus pour leur courage. Un adjectif qui ne plaisait pas au blaireau dans les faits actuels.

Il observait les deux sorciers et se sentit soudain de trop. Ils étaient armés et peut-être que, probablement, ils éprouveraient du plaisir à batailler. Le jeune homme ne pensait pas une seconde que cette guerre puisse être l'équivalent d'un jeu d'enfant. Avec un peu de chance, il pourrait espérer que la sorcière vêtue de noire "s'amuse" avec Finn pendant que lui s'éclipse, tout doucement en tissant le drapeau blanc. Il se sentait bien lâche et pourtant, il n'espérait pas une seconde être suffisamment qualifié pour gérer ce genre de conflit. Il n’appréciait ni la neige, ni le froid, ni l'effervescence que ce jeu pouvait engendrer. D'ailleurs, il ne se souvenait même pas de sa dernière bataille avec la poudreuse. Dans ces conditions, la fuite était pour lui, la solution la plus sage. Il ne pipait mot et essayait de se faire le plus petit possible.