Lilian remontait le couloir à grandes enjambées en esquivant les Sorciers et Sorcières qui auraient ralenti son avancée. Elle adressa quelques saluts distraits aux quelques employés qu'elle connaissait, mais ne s'attarda pas pour discuter. Elle avait horreur du "chit-chat" de toutes manières: il pleuvait, tout le monde était au courant, oui, c'était vraiment un printemps humide qui s'annonçait... Pas besoin de gloser là-dessus pendant des heures.

En vérité, l'Auror-en-Chef était d'une humeur massacrante. Une de ses filles avait décidé de partir en Inde, seule, malgré le contexte politique mouvementé de là-bas. Et elle était à la fois furieuse et inquiète que Céleste n'ai pas voulu reporter son voyage afin que sa jumelle puisse l'accompagner. Elle avait passé une mauvaise nuit. Sa chouette refusait d'avaler quoique ce soit depuis la veille. L'entraînement de Quidditch de la fin de semaine se faisait ressentir sous la forme de vilaines courbatures, ce qui lui faisait prendre conscience que les années passaient et qu'elle était loin d'être aussi endurante qu'avant. En bref, ce n'était pas un jour qui s'annonçait sous les meilleurs auspices pour Lilian.

Et ses collaborateurs le sentirent dès qu'elle franchit la porte du Bureau des Aurors. Avec le temps, ils avaient appris à connaître leur supérieure. Même si elles étaient relativement rares, les tempêtes de Lilian pouvaient s'avérer violentes et il était plus sûr de faire profil bas quand la Sorcière affichait cette mine patibulaire. Aussi, les Aurors présents baissèrent la voix, saluèrent Lilian d'un hochement de tête et baissèrent leur nez sur leurs dossiers.

Lilian s'apprêtait à entrer dans son bureau quand elle vit un homme assis sur une des chaises placées contre le mur. C'était là que ses visiteurs attendaient, et notamment les candidats au poste d'Auror qu'elle avait vu défiler la semaine passée. Surprise, elle marqua une pause. *Mais, qu'est-ce qu'il fait là celui-là? Je ne suis pas sensée avoir des rendez-vous le lundi matin.* Elle jeta un coup d'oeil au bureau de son assistante, Magda, mais cette dernière était absente. *Ah! Oui, son fils a la grippe...* Brockenbridge, agacée, poussa un soupir.

Elle s'adressa au Sorcier qui, visiblement, l'attendait. "Vous êtes venu pour l'entretien?" Lilian en profita pour le jauge, l'air impassible: l'homme avait l'air plutôt fluet et était habillé avec élégance, la trentaine, l'air alerte et vif, elle l'aurait plutôt imaginé bureaucrate, ou bien érudit. Pas le cliché de l'homme dit d'action, mais après tout, s'il était là, c'est qu'il avait réussi l'examen d'entrée, et ça n'était pas à la portée de tout le monde. Et puis son expérience lui avait appris à ne pas juger un livre sur sa couverture.

Lilian lui tendit la main et se présenta. "Lilian Brockenbridge. Si vous voulez bien me suivre..." Elle ouvrit la porte de son bureau et défit les lanières de cuir qui maintenaient sa longue cape de feutrine, avant de l'accrocher à une patère. "Asseyez-vous", dit-elle au nouveau venu en désignant un fauteuil, "Je suis désolée, mon assistante ne m'avait pas communiqué l'horaire de cet entretien, il va falloir être concis..." Elle dirigea sa baguette vers les étagères et un dossier à la couverture cartonnée vint se loger dans sa main gauche. *@Loki Aaronson...*

- Alors, pourquoi est-ce que je devrais vous faire rejoindre le Bureau?

- Bonjour, Madame.

Tient, elle m'a l'air d'humeur massacrante, Lilian Brockenbridge. Je m'assied sur la chaise en face d'elle et réfléchit pendant un temps tout en analysant son bureau...

Une photo de famille orne un mur... ses enfants peut-être. Un léger désordre est présent sur son bureau mais vu qu'elle a l'air de s'y retrouver, je pense que l'ordre administratif est important chez elle sans pour autant être essentiel...

- Il me semble que je ne peux pas répondre à votre question. Ce n'est pas à moi de dire pourquoi je pourrais rejoindre votre Bureau, ce serait un point de vue subjectif. Or, il me semble que pour devenir Auror, il faut se détacher de ses opinions personnelles pendant le service. En revanche, je peux expliquer pourquoi je serais en mesure de devenir Auror, tout en essayant de rester un minimum impartial. Je crois qu'il est écrit dans mon dossier scolaire que j'ai reçu la mention Optimal dans les matières Défense contre les Forces du Mal et Sortilèges. Or, une bonne connaissance de ces matières n'est-elle pas importante pour devenir Auror ? Ensuite, je pense avoir reçu des mentions relativement acceptable dans les matières assez importantes telles que Métamorphose, Potions ou encore Etude des Moldus. Après les études, je suis devenu garde-du-corps ce qui m'a permis d'acquérir des compétences au niveau du combat, magique ou non, ainsi que dans les relations sociales. Ce métier m'a aussi permis d'acquérir une faculté d'observation qui, à mon avis, pourrait être assez utile pour la branche de métier que vous exercez. Ensuite, je suis d'avis que si les Auror se doivent d'être compétents dans le monde Magique, il doivent également l'être dans le monde Moldu, ce qui est mon cas au vu de mon passé. Je ne sais pas si il en ai fait mention, mais j'ai été marié à une moldue pendant un certains temps, ce qui m'a permis de me familiariser grandement avec ce monde. Il m'est donc d'avis, en prenant en compte mes compétences dans les différents domaines que je viens de préciser, que je pourrais devenir Auror. Qu'en pensez-vous, Madame Brockenbridge ?

J'espère que je n'ai pas été trop orgueilleux. Je fais ce que je peux mais il faut quand même d'admettre que je le suis pas mal, tout de même...

- Qu'en pensez-vous, Madame Brockenbridge ?

*D'accord... Eh, bien, il parle beaucoup cet Aaronson...* Lilian ne s'attendait pas à une réponse si longue et si... protocolaire? Non, rhétorique plutôt serait le terme juste. Elle voulait mesurer quelles étaient les motivations de l'hommes assis devant elle, et il n'avait fait que résumer son curriculum vitae!

- Oui, comme vous le dites, tout est déjà marqué dans votre dossier, avança-t-elle d'une voix neutre. Vos A.S.P.I.C.S. , vos résultats à l'examen de l'École des Aurors et votre passé de garde du corps. Idem pour votre situation familiale, passée et présente.

Elle prit place derrière son bureau et y déposa le dossier du candidat. Plus que la réponse et l'attitude, ma foi, presque trop assurée du Sorcier, c'était sa propre mauvaise humeur qui lui tapait sur le système. Et elle se dit en elle-même qu'il serait injuste qu'elle lui la fasse subir. Aussi ébaucha-t-elle un sourire de convenance avant de reformuler sa question.

- Vos compétences ne font aucun doute. Elles ont été évaluées. Mais ce que je voudrais savoir, c'est pourquoi vous avez décidé de postuler pour devenir Auror. Quelles sont vos motivations? C'est pour ça que vous êtes ici ce matin. Pour que je puisse déterminer si vous avez votre place dans notre équipe. Pour que je puisse estimer si oui, ou non, vous êtes ici pour les bonnes raisons.

Oups, j'ai répondu de travers... alors... mes motivations...

- Mes motivations ? Et bien, je considère que l'égalité est quelque chose d'absolument essentiel et j'estime que devenir Auror me permettrait de traiter tout le monde de la même manière. De plus, être Auror me permettrait d'essayer de changer un système qui, à mon avis, est archaïque et corrompu jusqu'à l'os. Prenons, si vous le voulez bien, un exemple concret : l'apogée de Voldemort. A cette époque, le Ministère était constitué de gens qui, certes, voulaient faire le bien, mais d'autre avaient des intentions beaucoup moins louable. Les Mangemorts pouvaient être partout, pouvaient écouter les moindres mots, épier les moindres gestes de chaque employé du Ministère. Est-ce une chose normale qu'une institution telle que le Ministère de la Magie, qui se veut puissant et absolument omnipotent, puisse être corrompu aussi facilement ? L'institution qui se veut garante de la paix et de la Justice en Grande-Bretagne était totalement dépassée par les événements, non pas à cause de la guerre à l'extérieur mais à cause de la guerre politique qui se déroulait ici.
Une de mes motivation, certes ambitieuse, est de changer cela et de se débarrasser des éléments nocifs. Une autre de mes motivations est de faire en sorte de changer la Justice. Ne soyez pas étonnée, Madame Brockenbridge, la plupart des sorciers pensent que la Justice du Ministère est expéditive et inéquitable. Par exemple, est-il normal de ne pas donner un jugement digne de ce nom à un sorcier commun accusé d'une faute grave alors qu'une personne relativement haut placée bénéficiera d'un avocat, ainsi qu'une condamnation allégée ? Alors certes, il y a des exceptions mais ne soyons pas aveugle : des exceptions sont nécessaires pour faire passer le reste.
De plus, je souhaite une chose : la compréhension. Je veux comprendre pourquoi les criminels font telles ou telles choses, pourquoi les Mangemorts sont devenus ainsi, pourquoi cette personne à tuée cette personne, je veux le comprendre, car comprendre les crimes passés permet d'essayer d'éviter les crimes futurs.
Enfin, ma dernière motivation serait de faire comprendre aux personnes qui dirigent le Ministère que nous devrions peut-être faire un pas en avant pour que le fossé qui sépare les sorciers des moldus se réduise...
Voilà, je pense avoir fait le tour de votre question.

Et mince, j'ai été trop long ! Bon, en même temps, ce sont mes motivations... Bon, on verra bien ce qu'elle dira...

Lilian écouta la réponse du Sorcier avec attention. Elle avait toujours eu un peu de mal avec les personnes qui parlaient beaucoup. Et à sa nouvelle question, Aaronson s'était lancé dans ce qui semblait être un véritable réquisitoire. Cela dit, son discours était construit, fin. L'homme propre sur lui qui se tenait devant Brockenbridge commençait à l'intéresser. Ce discours sur la corruption du Ministère aux heures sinistres de Lord Voldemort n'était pas nouveau. Mais l'aspirant Auror ne manquait pas de cran pour parler de ce genre de choses au sein même de l'institution. Dans le bureau de l'Auror-en-Chef.

- L'institution qui se veut garante de la paix et de la Justice en Grande-Bretagne était totalement dépassée par les événements, non pas à cause de la guerre à l'extérieur mais à cause de la guerre politique qui se déroulait ici.

-Mmm, émit Lilian, la mine grave.

Elle était d'accord avec Aaronson. Parce qu'elle avait connu cette période affreuse. Parce qu'elle ne savait toujours pas qui avait assassiné son époux. Parce que le partenaire de Sullivan n'avait jamais été retrouvé. Et qu'elle n'avait jamais pu en apprendre davantage sur les circonstances de la mort de son mari. Probablement parce que, comme l'avançait Aaronson, certaines informations avaient été "opportunément" égarées.

- Une autre de mes motivations est de faire en sorte de changer la Justice. Ne soyez pas étonnée, Madame Brockenbridge, la plupart des sorciers pensent que la Justice du Ministère est expéditive et inéquitable.

*Ah! Un idéaliste.* Après tout, pourquoi pas. S'il pouvait encaisser la déception qu'occasionnait ce genre d'espérances. Lilian eut un sourire involontaire. La jeunesse de l'homme qui se tenait devant elle apparaissait derrière son sérieux et son éloquence. L'Auror-en-chef eut une brève pensée sur ce qui l'avait amenée dans ce même bureau il y avait de ça plusieurs années. Quelque chose de l'ordre de cet idéal aussi. Pas que. Beaucoup de colère. Que le temps et la vie de famille avait apaisée. Et si elle n'avait pu toucher du doigt ses rêves de justice, au moins avait-elle eu l'impression d'avoir un peu, un petit peu, contribué à la société magique qu'elle avait fantasmé quand elle était adolescente. Elle reporta son attention vers l'exposé d'Aaronson. (Elle qui avait voulu conduire un entretien bref et concis, avec ce candidat, elle devrait faire une croix sur les tâches de la matinée...)

- Je veux comprendre pourquoi les criminels font telles ou telles choses, pourquoi les Mangemorts sont devenus ainsi, pourquoi cette personne à tuée cette personne, je veux le comprendre, car comprendre les crimes passés permet d'essayer d'éviter les crimes futurs.

Lilian acquiesça. Loki Aaronson semblait avoir des raisons profondes de postuler. Et un curieux et ouvert. Des qualités qui manquaient à bon nombre de personnes de son équipe, elle devait le reconnaître. Des Aurors doués, mais parfois bornés et au raisonnement étriqué.

- Enfin, ma dernière motivation serait de faire comprendre aux personnes qui dirigent le Ministère que nous devrions peut-être faire un pas en avant pour que le fossé qui sépare les sorciers des moldus se réduise...

*D'accord... Donc remettre en question la Loi du Secret, rien que ça!* Eh, bien, on ne pourrait pas lui enlever: Aaronson ne manquait pas d'ambition et de projets audacieux! Ce qui n'était pas pour déplaire à Lilian, mais elle entreprit de clarifier la situation.

- Je vois. Je ne dis pas que vos aspirations manquent d'intérêt, loin de là. Mais vous avez conscience qu'en tant qu'Auror, vous devrez servir ce Ministère? Je conçois que ça peut être un problème pour certains Sorciers, mais l'obéissance à la hiérarchie est cruciale ici. Que vous soyez archiviste, Auror, et même Auror-en-Chef. C'est ce qui garantit un bon fonctionnement des services et, au delà, la protection des Sorciers de Grande-Bretagne. Elle eut un sourire amusé à l'égard d'Aaronson. Et j'aurai un petit conseil... Évitez de clamer haut et fort au sein du Ministère que vous envisagez de briser sans ciller la Loi du Secret.

Elle leva la main pour rassurer le jeune homme.

- Je sais, ce n'est pas ce que vous avez dit. Mais vos paroles pourraient être mal interprétées...

Brockenbridge ouvrit le dossier, et le feuilleta jusqu'à trouver la lettre qu'avait adressé Aaronson quand il avait postulé pour suivre la formation des Aurors. Une longue lettre, rédigée avec soin. L'écriture fine et régulière. Elle lut en diagonale les premiers paragraphes. Le style en était éloquent; la pensée, clairement exprimée. Elle releva la tête et plongea ses yeux gris dans le regard du Sorcier.

- Vous avez une aisance indéniable avec les mots. Et, du peu que j'en ai entendu, vos idées, vos motivations ne manquent pas d'envergure. Je ne dis pas que vous ne feriez pas un bon Auror, mais vous n'avez jamais envisagé de faire de la politique?

Bon, je vais m'abstenir de lui dire que mon objectif est effectivement de briser la Loi du Secret, sinon, bonjour les problèmes...

- Je sais parfaitement qu'il faut obéir à la Hiérarchie. Toutefois, il me semble que dans ce genre de relation, une certaine liberté est de mise, ne pensez-vous pas ? Par exemple, si vous veniez à me nommer Auror, j'obéirais à vos ordres, toutefois, si un jour je juge que l'un d'eux me paraît déplacé ou se plaçant contre la Justice que les Aurors défendent, je vous le ferais savoir, et tenterais d'entamer un dialogue pour essayer de changer les choses. Mais je pense que vous êtes une personne honnête. Votre visage, lorsque j'ai cité la période sombre du Ministère, votre visage s'est voilé de tristesse. Donc, pour être franc avec vous, je pense qu'être Auror signifie défendre le Ministère, que ce soit contre les ennemis extérieurs ou intérieurs... et, si vous m'engagez, bien sûr, je ferais tout pour cela.

Tient, elle me demande pourquoi je n'ai pas fait politicien... Alors, que vais-je répondre ?

- Eh bien, si j'ai choisi de ne pas me lancer en politique, c'est pour conserver ma liberté, tout simplement. Lorsqu'on est politique, tous nos actes, tout notre passé, nos études, etc... sont passés au crible. Toutefois, les Aurors bénéficient d'une assez grande liberté de mouvement et ne sont pas obligés de rendre des comptes aux médias à chaque fois qu'ils font quelque chose. Regardez Alastor Maugrey ! Un des plus grands Aurors connus, qui, selon les rumeurs, à enfermé lui-même la moitié des prisonniers d'Azkaban ! Et bien, il n'avait de compte à rendre qu'à son chef et très peu au média... En même temps, je pense qu'il ne se souciait pas d'eux... De plus, la politique m'ennuie. On débat, on débat, et on n'agit que très peu finalement. En tant que garde-du-corps, j'ai protégé des politiciens qui ne valaient pas une noise ! Alors, très franchement, la politique, très peu pour moi. Je préfère de loin être un Auror ayant quelques libertés plutôt qu'un politicien que n'en a aucune. Et puis ne parlons pas de la corruption de ces derniers...

Bon, j'espère que Brockenbridge est ouverte d'esprit, sinon, je risque de me faire dégager du Ministère vite-fait bien-fait, moi...

- Par exemple, si vous veniez à me nommer Auror, j'obéirais à vos ordres, toutefois, si un jour je juge que l'un d'eux me paraît déplacé ou se plaçant contre la Justice que les Aurors défendent, je vous le ferais savoir, et tenterais d'entamer un dialogue pour essayer de changer les choses.

Lilian arqua le sourcil. Elle comprenait le point de vue d'Aaronson, mais qu'il évoque le fait de remettre en question ses ordres, alors même qu'il n'était pas engagé, l'agaça.

- Si, et elle insista bien sur ce mot, vous étiez nommé Auror, et que je vous donnais un ordre, j'attendrais de vous que vous l'exécutiez. Sans discussions inutiles.

- Mais je pense que vous êtes une personne honnête. *Trop aimable...* Votre visage, lorsque j'ai cité la période sombre du Ministère, votre visage s'est voilé de tristesse.

Brockenbridge se fustigea d'avoir laissé paraître une telle émotion. Et se renfrogna. Qu'Aaronson fasse mention de son impression de manière si légère ne lui plaisait pas. *Au moins, il a le sens de l'observation...*

- La politique m'ennuie. On débat, on débat, et on n'agit que très peu finalement. En tant que garde-du-corps, j'ai protégé des politiciens qui ne valaient pas une noise ! Alors, très franchement, la politique, très peu pour moi. Je préfère de loin être un Auror ayant quelques libertés plutôt qu'un politicien qui n'en a aucune. Et puis ne parlons pas de la corruption de ces derniers...

- Vous me semblez pourtant très apte au débat Mr. Aaronson, répondit l'Auror-en-chef, non sans une légère pointe d'ironie. Elle se redressa sur son siège. Vous travailliez seul comme garde-du-corps? Vous avez du faire face à des situations délicates? En quelques mots, jugea-t-elle bon de préciser.

Bon, je ne vais pas répondre à la première remarque sinon, on va être en désaccord total et l'emploi va me passer sous le nez...

Une situation délicate, hein... Voyons...

- Effectivement, une fois, alors que je protégeais un commercial très important, une personne a voulu l'agresser. Il était deux fois plus grand et lourd que moi et m'a débarrassé de ma baguette en m'envoyant un énorme coup de poing dans la tête. J'ai mis deux secondes à me relever mais il avait déjà mon client dans les bras et était en train de lui broyer les os. J'ai vu rouge et je lui ai foncé dessus. J'ai sorti le couteau que j'utilise en mission, j'ai sauté et je lui ait planté ledit couteau dans la nuque. Il est tombé, en écrasant mon client au passage. Maintenant, ce dernier est paralysé. Dans ce genre de cas, la négociation ne marche pas, peut-être en avez vous fait l'expérience ?

Bon, pour être honnête, le client à essayé de me traîner en Justice mais, dans de telles circonstance (et grâce à mes bonnes connaissances en Droit), je n'ai rien eu et j'ai même réussi à faire passer mon coup de couteau dans la nuque pour de la légitime défense... C'en était d'ailleurs (vu que quelques accidents de ce genre arrivent parfois, il est légitime de s'informer, non ?). En plus, vu que cette histoire se place dans le contexte du travail, elle n'est mentionnée que dans les archives (tenues par moi-même quand je bossais là-bas) et pas dans mon casier judiciaire.

- Maintenant, ce dernier est paralysé. Dans ce genre de cas, la négociation ne marche pas, peut-être en avez vous fait l'expérience ?

Lilian acquiesça.

- Effectivement. Il faut pouvoir prendre, sur le vif, des décisions difficiles. La paralysie ou la mort. Parfois nous sommes contraints de trancher entre la peste et le choléra.

Elle croisa les bras et scruta le visage d'Aaronson. Elle ne parvenait pas à se faire une idée nette de la capacité d'Aaronson à devenir Auror. S'intégrerait-il bien à l'équipe? Remmettrait-il en question ses ordres? Il avait réussi l'examen, donc il avait toutes les capacités requises, mais... Beaucoup de "mais" en définitive. D'un autre côté, son profil était atypique, et quelque part, rafraichissant.

*Je pourrais lui poser encore des questions, mais je crois que ça ne m'aidera pas à prendre une décision...* Peut-être serait-il aussi bien de débouter le candidat... Mais Lilian n'était pas sereine avec cette idée. Trop peu de nouveaux Aurors avaient été recrutés. Et elle risquait de faire une erreur en passant à côté d'Aaronson... Elle sentit un début de migraine éclore dans son crâne. La nuit porterait conseil. Un dicton de grand-mère, mais qu'elle avait fait absolument sien.

- Merci de vous être déplacé, Mr. Aaronson, annonça-t-elle en se levant de son bureau, Nous vous informerons de notre décision par hibou dans le courant de la semaine prochaine. Bonne journée, conclut-elle en tendant la main au candidat.

Elle le regarda sortir du bureau et refermer la porte de chêne. Lilian porta les mains à ses tempes et commença à les masser par de petits gestes circulaires. Elle réfléchirait au cas d'Aaronson plus tard. *J'ai bien de quoi m'occuper d'ici là* songea-t-elle en pensant, morose, à la longue liste de tâches administratives qui l'attendait.

Je serre la main de Brockenbridge. Elle me semble avoir mal à la tête... Trop de contraintes administrative, peut-être ?

- Ce fut un plaisir, Madame Brockenbridge. J'attend votre hibou avec impatience.

Je sort de son bureau et retourne dans le hall d'entrée. Je pense que je vais mettre une pièce dans la fontaine (non pas que je sois superstitieux mais dans le doute...).

Tient, je vois un de mes anciens collègue. Il a l'air en forme, ma foi... Je me demande si je dois aller lui parler ou non. Voyons... Analysons...

Je ferme les yeux et j'entend... Des bruits de pas, plus ou moins saccadés selon les personnes, des discussion plus ou moins importantes. Une sorcière demande à son amie des nouvelles de son fils... Un élève de Poudlard... Il travaille bien, apparemment... J'entend également... Un sorcier parler de politique... Encore un sujet ennuyeux, débattu tant de fois qu'on sait exactement de quoi il en retourne...

Je sens... Un parfum de grande qualité... un rendez-vous peut-être... galant ou professionnel... Je sens une odeur de vêtement brulé... Peut-être quelqu'un qui a raté un sort ou qui a subit les foudres d'une créature caractérielle... Il y a également dans l'air une étrange odeur, assez indescriptible mais curieusement attirante...

J'ouvre les yeux et je vois... La sorcière qui discute avec son amie, d'un air enjoué. Le sorcier aux vêtements brûlés qui m'a l'air, ma foi, bien énervé... Oh... Je sais maintenant d'où vient cette odeur étrange... Une sorcière qui à l'air de proposer un breuvage à un de ses collègues... Serait-ce un phlitre d'amour ? De l'Amortensia, peut-être ?

Bon, je vais éviter l'ancien collègue (après tout, nous n'étions pas vraiment proches lui et moi). Je pense que je vais aller acheter quelque chose au magasin de jouet pour Morgane. Une petite visite surprise devrait lui faire plaisir ! Bon, peut-être que je croiserais le nouveau compagnon de Johanna mais ce n'est pas grave vu que nous sommes en bon termes !

Bon, que devrais-je faire ? Prendre la voie des moldus ? Oh, ce serait mieux car je connais un magasin de jouet moldus qui est excellent et à une courte distance d'ici. Ce serait dangereux d'offrir un petit balai volant à Morgane alors que je ne sais même pas si elle à hérité de mes pouvoirs ou non...