Divination. Cette discipline totalement fantasque et franchement douteuse de la magie, même de l'avis de la plupart des grands sorciers. Ce cours n'était pas mon point fort, mais je me voyais mal en étude des moldus, vu les applications limitées de ce cours pour moi, ou encore en arithmancie, un peu trop mathématique à mon gout. Avec le professeur Trelawney, au moins, on avait sujet à rire pendant le cours, même si je n'étais pas parvenu à avoir la moindre vision durant l'année, ce qui était frustrant. Nous avions donc décidé avec Galvane, mon partenaire d'étude récurrent à la bibliothèque, de tenter quelque chose que nous avions trouvé dans un livre en provenance de Castelobruxo. Il s'agissait d'une plante nommée l'ayahuasca que les moldus considéraient comme hautement stupéfiante. Dans le livre néanmoins, il était fait référence à une décoction basée sur les lianes de ce végétal qui ouvrirait supposément l'esprit à la lecture du présent et du futur. L'usage en était bien entendu interdit à Poudlard, mais aux grands maux les grands remèdes, je ne serai pas en échec dans cette branche pour mes BUSE! Je savais que le Serpentard était doué en potion, malgré sa tendance ces dernières années à ne pas faire grand chose, qu'il était largement capable de faire la préparation et surtout, peu regardant sur le règlement. De plus, ça lui permettrait justement de travailler un peu ses cours. Quant à moi, j'avais dégoté cet ingrédient essentiel simplement en envoyant une lettre à un apothicaire du Brésil pour recevoir quelques racines par colis afin d'éviter la boutique du chemin de Traverse qui communiquait avec l'école.

"-Incendio!" Les quelques bougies de l'endroit se mirent à brûler, diffusant une lumière tamisée qui contrait les faibles rayons du soleil passant au travers des craquelures des planches. J'étais donc là assis au sol les jambes en tailleur, triturant l'anneau au bout de ma chaînette, dans cet appentis désaffecté au bord du Lac Noir, qui ne contenait que quelques rames brisées et une barque à la coque défoncée, attendant l'arrivée de mon compère depuis quelques minutes maintenant, tandis que le breuvage que nous nous apprêtions à consommer terminait de bouillir dans un coin, prenant doucement des teintes brunâtres troublées de fumerolles bleues après deux semaines de préparation éprouvantes. La chaleur causée par le soleil s'atténuait légèrement par la présence du lac à proximité, ce qui rendait ce four un peu plus supportable. Il s'agissait du meilleur endroit que nous ayons pu dégoter, discret et loin du château, peu fréquenté et sur. Je me replongeai dans ce livre de potions étranger, relisant une dernière fois le passage concernant les effets secondaires, tous semblant plus désagréables les uns que les autres, en attendant l'arrivée de Galvane qui ne devrait plus tarder.

Comme je m'y attendais, mon compère n'avait pas tardé à apparaitre par la petite porte grinçante, son qui me fit à peine réagir. Il se dirigea avec résolution vers la mixture fumante et bouillonante pour nous servir deux petites doses, sans prononcer un mot. D'un léger coup de coude, il parvint à m'extraire de mon livre et je le vis me tendant une fiole contenant le liquide qui ne m'inspirait plus vraiment. J'appréciais ce coté silencieux de Galvane. Nous n'avions pas vraiment une amitié intime, ni une amitié tout court, juste un partenariat tacite concernant nos études, mais arrivions à nous comprendre avec peu de mots. Je le trouvais néanmoins intriguant. Il était ce genre de personnes que vous vous imaginez possédant le monde et tout ce qui va avec, plastique de rêve, conquêtes à volonté, avenir radieux en perspective, mais n'avait cependant que peu de goût à la vie, une certaine lassitude des choses, omniprésente dans leur esprit.

Soupirant et faisant claquer mon livre avant de m'enfoncer encore plus dans mes pensées sur le Serpentard, je pris le flacon et le vidai de sa substance amère et terreuse d'un trait après une courte hésitation, remerciant le comparse d'un signe de tête. Cherchant un peu de confort, m'installai dos au mur, à l'opposé de la cabane, attendant l'arrivée des effets.
"-Ca ne va pas tarder. D'ici cinq minutes on devrait ressentir les premières sensations. Si quoi que ce soit se passe mal de ton coté, fait moi signe."
J'espérais qu'il n'allait pas mal prendre cette remarque. Ça pouvait sembler stupide, quand on savait que de nous deux, j'étais sans doute le moins expérimenté dans ce type "d'activités", mais je me sentais responsable de lui. Après tout, j'étais celui qui avait lancé l'idée de préparer la potion. Moi et ma dévotion au travail bien fait je vous jure... Je ne sais pas ce qui m'était passé par la tête pour choisir Divination comme option.

Je pouvais sentir le breuvage commencer son action. Tous les poils de mon corps se dressèrent sous l'effet d'une sensation électrisante parcourant ma peau, semblant me connecter à tout ce m'entourait. Le sol, l'air moite, la poussière en suspension, les rayons de lumière perçant les vieilles planches... tout semblait animé d'une énergie et d'une consistance qui lui était propre, comme si je pouvais percevoir l'ensemble du monde m'entourant avec le seul sens du toucher. Vint ensuite une acuité de l'ouïe à laquelle je n'étais pas habitué, et une augmentation de la vue, qui semblait augmenter la taille de tout ce que je regardais comme si j'avais le nez collé dessus. Je me sentais lentement glisser vers un état qui ne me plaisait pas. C'était trop envahissant, tous mes sens me donnant des milliers d'informations à la fois, tellement complètes que je n’arrivais pas à les comprendre. Un sentiment de malaise, je dirais même d’oppression m'envahit. Tentant de vaincre un état de panique qui me guettait, je tournai mon attention vers le Serpentard, afin de voir ce qu'il en était dans son cas.

"-Galvane?" lançais-je sur un ton que je voulais interrogateur.