Il sortait d’une bâtisse légèrement penchée, au bois rongé par les termites. Une lanterne un peu faiblarde éclairait l’entrée de la maisonnée à la porte ronde sur laquelle d’étranges symboles antiques se trouvaient. C’était un coin plutôt chaleureux dans l’Allée des Embrumes qui faisait contraste avec le reste. La nuit était fraiche et étoilée. Elle avait à la fois une odeur de menthe et de… soufre. C’était une fenêtre encore ouverte à l’autre bout de la rue, dont le reflet laissait percevoir une petite lueur rougeoyante qui dansait, qui dégageait cette odeur forte et désagréable. Un désinfectant. Une personne qui devait être malade sans doute. L’homme trouva cette odeur presque agréable comparée aux autres, car l’Allée des embrumes sentait constamment la crasse, le sang et la souillure.

Il était un peu moins de minuit lorsqu’Asmodeus remonta silencieusement la rue, dans l’ombre des masures à la fois impressionnantes et miséreuses. Sa paranoïa habituelle avait atteint des summums ces derniers temps. A l’approche de la pleine lune, il se sentait constamment épié et n’avait pas non plus complètement tort. En ce moment, il soupçonnait un homme mystérieux d’être un espion au service du Ministère de la Magie et le voyait fréquemment effectuer des allers-venues. Il comptait bien le soumettre au sortilège de l’Impero pour le faire parler. Qu’est-ce que cet homme détenait sur lui comme informations ? Etait-il au courant pour son affiliation aux forces du Mal ? Comme si ça avait déjà été le cas, il avait revêtu ses vêtements traditionnels de mangemort. La dernière chose que ce jeune espion allait voir avant de mourir serait son masque et la preuve qu’il voulait, celle que certains serviteurs des Ténèbres courent toujours dans la nature.

Intimement, Asmodeus espérait un grand retour des forces du Mal. Les journaux indiquaient des flux de sorciers vers Brocéliande, ce qui était plutôt bon signe, malgré nombre de ses camarades envoyés à Azkaban. Mais combien y en avait-il des comme lui ? Des combattants de l’ombre, prêts à donner tout ce qu'ils ont (ou presque) pour ramener le Seigneur des Ténèbres à  la vie ?

Au fur et à mesure qu’il avançait et qu’il se posait des questions, la ruelle s’assombrissait et il dû lancer un Lumos avec sa baguette. La grande place fut vite éclairée d’un halo bleuté et il l’aperçut enfin, l’espion du Ministère. Juste en face de lui. Avant que ce dernier n'ait pu dire quoi que ce soit, Asmodeus lança le premier sort.

- Impero !

Un craquement suivi d'une lueur orangée retenti au beau milieu de la nuit.

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Asmodeus s’avançait dans l’ombre, sa baguette levée sur sa cible pour faire durer l’impero aussi longtemps que possible.

- Qu'est ce que tu fou connard ! Ta maman ne t'a pas apprit à ne pas parler à des inconnues ?

En guise de réponse, il donna un deuxième coup de baguette à l’homme encapuchonné pour que son mal de tête s’intensifie.

- Que me veux tu ? Tu travailles pour le ministère de la magie c'est ça ? Je suis simplement de passage, vous avez dû vous tromper. Je me suis égaré, je ne pense pas que ça soit moi que vous cherchiez. Mais je peux peut être vous aider.

Dans un premier temps, il feignit la pitié.

- Pauvre petite brebis égarée. Tu beugle beaucoup, mais tu n’es pas très maligne. As-tu déjà vu un homme du Ministère lancer un sortilège impardonnable ? Il faut vraiment vouloir la souffrance de l’autre pour cela.

Il s’avança alors vers l’homme encapuchonné pour lui révéler sa véritable identité.

- Je suis mangemort, et ce visage est le dernier que tu verras avant de mourir, sale espion. Alors maintenant crache le morceau. ET NE FAIS PAS SEMBLANT DE NE PAS ÊTRE AU COURANT ! hurla-t-il. Je t’ai vu plusieurs fois rôder par ici. Quelles informations détiens-tu sur nous ? Tu sais qui nous sommes ? Combien nous sommes ? As-tu déjà révélé ces informations à d'autres personnes que tu connais ? RÉPONDS !

C'est alors qu'Asmodeus l'empoigna par la gorge, et ce qu'il vit briller sous le reflet d'une demie-lune le fit reculer de quelques mètres.

- Ce... ce masque. Où tu l'as eu ? Je le connais.

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Asmodeus essaya d’esquiver le coup en déviant le poing de son adversaire avec l’impero qui s’était largement affaibli sous la surprise. Il se prit un uppercut dans les côtes. Sous le choc, sa fiole de potion Tue-Loup qui se trouvait sans sa poche, se brisa. Le mangemort ne silla pas mais fit une grimace sous son masque. Jamais il ne pourrait prendre sa potion à temps avant la pleine lune. La concoction était trop longue et il ne restait plus que 9 jours avant qu’elle n’apparaisse. Asmodeus fulminait intérieurement. Si seulement il l’avait prise avant cette rencontre…

- Désolé mon frère, ce n'est rien contre toi, mais je n'ai pas tendance à apprécié qu'on m'égorge aussi facilement et qu'on me soumet au sortilège de l'impéro. Pour répondre à ta question ce masque est le mien. Je l'ai depuis quelques mois. Je suis des votre. Je fais partie des trois mangemort qui rodent dans le quartier. J’étais juste à la recherche d'un de nos frères.

- Alors je te pardonne, frère. C’est simplement que je suis sur mes gardes en ce moment, avec tout ce qu’il se passe, on ne sait jamais. Le troisième mangemort dont tu parles... dis-moi que c’est Plague. Dis-moi qu’il est encore en vie, ce bon vieux frangin.

Asmodeus espérait réellement que son compagnon soit encore en vie. C’était le seul mangemort avec qui il avait partagé de nombreuses missions et faits d’armes. Le seul fait de l’avoir perdu de vue pendant des années l’avait rendu irascible.

- Et toi dis-moi, qui es-tu ? Mon mentor pensait être le dernier mangemort en vie et libre.

- Je m’appelle Asmodeus et je sers les Ténèbres depuis au moins 10 ans maintenant. Je n'ai plus croisé aucun de mes camarades depuis un moment, car ils ont tous été soit tués, envoyés en prison ou parce qu'ils se sont enfuis comme des lâches. Je fais partie de ceux qui sont encore assez fous pour porter les convictions et les espoirs du Seigneur des Ténèbres.

Au milieu de la conversation, il se remit à réfléchir aux propos qu’il avait tenus un peu plus tôt sur le Ministère. En réalité, sa réflexion à ce sujet était beaucoup plus profonde et les paroles qu’il avait prononcées avaient pu être mal interprétées par le jeune mangemort. Pendant un instant, il cherchait une façon de lui répondre clairement et simplement, un peu comme un père qui cherchait à donner une réponse à son fils.

- Ce que je voulais te dire tout à l’heure, c’est que tu n’as jamais vu de tes propres yeux un membre du Ministère pratiquer la Magie Noire. Du moins, j’en doute fortement. Et si ça avait été le cas, il devrait sans doute se trouver à Azkaban à l’heure actuelle. Je sais très bien que le Ministère n’est pas tout blanc et qu’il se cache de ces pratiques. Mais contrairement à ceux dont tu fais allusion et qui utilisent ces méthodes répressives, moi j’éprouve un certain plaisir à lancer des sortilèges impardonnables sur mes ennemis. C’est pourquoi ils sont redoutables. Toute la haine et la colère que ces hommes du Ministère peuvent diriger contre les mangemorts pour les faire parler… Ce ne sont pas des sentiments suffisamment puissants pour pouvoir faire naitre une puissante forme de Magie Noire. Car il faut aimer faire souffrir... et y prendre goût.

Il observa plus attentivement le jeune homme, attendant encore et toujours des réponses.

- Toi par contre, tu ne t'es pas encore présenté. Comment tu a fais pour devenir l’un des nôtres et qu’est-ce qui t’a conduit à choisir ce côté-là de la balance ? Et puis qui est ce fameux mentor dont tu me parle ?

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Asmodeus fut rapidement déçu de la réponse fournit par l’autre mangemort. Ainsi donc, il ne savait pas vraiment s’il avait affaire à une personne partageant les mêmes idéaux que lui. Il fut par contre totalement surpris de savoir que Plague enseignait l’art de tuer à un jeune arrogant. Ne disait-on pas que la fougue impétueuse de la jeunesse était difficilement domptable ? Pour le moment, il lui était encore inconcevable de faire confiance à Darken. Il était encore trop tôt. D’ailleurs, Asmodeus croisa le regard ennuyé de Darken et fut presque irrité de voir l’impression qu’il lui avait donnée. Celle d’une antiquité qui parlait à un mur. Asmodeus n'était pas réputé Legilimens pour rien et savait très bien manipuler les esprits.

- C'est intéressant tout cela mais je le sais déjà, j'ai déjà passé un certain nombre d'épreuve dont celle du sang. Je me suis déjà montré digne de mon rang. Alors cesse de me prendre pour un enfant. Veux-tu ?

- Très bien… Darken. Asmodeus prononça son nom avec une certaine condescendance. Je vois que tu préfères l’action à la réflexion. Plague a du bien t’inculquer ses propres valeurs, c’est très bien. Bravo, je te félicite, dit-il avec sarcasme.

Il le dévisagea ensuite de la tête aux pieds.

- Nous verrons en temps et en heure ce que tu seras capable de faire. En attendant, je pense que tu me sous-estime beaucoup et cela s’entend dans ta voix. C'est dommage, si tu n’avais pas eu Plague en mentor, je t’aurais sûrement torturé un peu plus longtemps pour cela.

Il avait dit ces derniers mots avec tellement de détachement qu’ils auraient fait frissonner n’importe qui de parfaitement sain d’esprit. Et Asmodeus paraissait trop calme pour être sain d'esprit.

Il vit longuement le regard insistant et intéressé de Darken sur sa poche, mais resta silencieux.

- Dit moi Asmodeus, ce n'est pas très courant de transporter des fioles en verre dans sa poche. Voire même dangereux. Une blessure, une entaille est si vite arrivé. Cela peut paraitre suspect. J'espère que ce n'est pas du polynectar que tu caches, car si c'est le cas, on risque d'avoir un très gros problèmes tous les deux.

- Je te remercie de t’inquiéter pour moi, mais mes affaires ne te regardent pas. Alors maintenant, tu peux aller apporter la baballe à Plague si tu veux. Moi, j'ai d'autres croups à fouetter.

Un craquement sonore raisonna dans la ruelle et Asmodeus transplana.

-Fin du RP-

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