Comme à l'accoutumée quand il n'arrivait pas à dormir, Theodore Nott était parti faire un tour. Il était certes plus compliqué de se promener la nuit dans les couloirs du château de Poudlard que dans les couloirs de la demeure des Nott, cependant le Serpentard avait pris goût à cette sensation d'interdit qui lui laissait tous les sens en alerte. Il savait qu'à chaque tournant, dans chaque pièce qu'il visitait, un professeur pouvait le surprendre, voire la chatte du concierge filer le dénoncer. Pis encore, il était tant de fois plus compliqué de se cacher d'un fantôme qui pouvait surgir à n'importe quel moment de n'importe quel mur. Le garçon n'enfreignait pas le règlement pour enfreindre, le règlement, il trouvait simplement ce genre de règles comme le couvre-feu profondément inutile et nuisible.

Il avait passé une bonne heure à chercher comment se rendre dans la bibliothèque en ne passant pas par la porte d'entrée dédiée. Il s'était dit qu'il avait autant de chance de découvrir un passage secret que de tomber sur un surveillant tellement l'école regorgeait de mystères en tout genre. Au terme de ses recherches infructueuses, il avait fini par demander à un tableau s'il connaissait un moyen discret et sans encombre de retourner dans la salle commune des Serpentard sans passer par le grand hall. La peinture de ce qui semblait être Albéric Grunnion s'était mise à déclamer un poème à tue-tête et Theodore avait pris ses jambes à son cou.

Parvenu au hall d'entrée, le Serpentard éteignit sa baguette. Il évitait à tout prix de s'éclairer dans les grands espaces, là où on pouvait le voir de loin. De toute façon, les feux qui tremblotaient légèrement dans les énormes vasques accrochées en hauteur diffusaient assez de lumière pour se repérer. Tout en se déplaçant dans les flaques d'ombre, il mâchouillait sa baguette magique à la réglisse sans crainte d'une mauvaise rencontre. La tension était retombée et le retour prochain dans sa salle commune lui faisait un peu perdre toute discrétion.

Il se figea soudain quand il aperçut deux silhouettes sombres immobiles. Elles n'avaient pas l'air bien grandes et le fait qu'elles se dissimulaient également parmi les ombres le rassura. Après tout, il était persuadé qu'il était loin d'être le seul à s'aventurer dans Poudlard la nuit. Pour prévenir les deux inconnus qu'il n'était pas une menace, il chuchota distinctement :

« Vous tombez bien, je cherchais exactement des personnes de votre trempe. »

Il leur lança un sourire éclatant qu'ils ne pouvaient sans doute pas percevoir. Une idée commençait à germer dans la tête de Theodore et il escomptait la faire pousser avec un peu de compagnie.