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MessageQuand ? Quand ? Empty- Jeu 25 Jan - 19:54
C'était toujours pareil. La trame de la genèse du rêve était parfaitement familière à Everard.

Il était assis en plein milieu de la bibliothèque de Poudlard. Les étagères avaient été repoussé contre les murs et d'autres tables d'étude cernaient la sienne. Fulminant devant un texte qu'il ne pouvait comprendre, il bataillait avec chaque phrases pour arriver à comprendre les arcanes particulièrements complexes des changements des états de la matière en métamorphose. Les notions n'étaient pas si ardues, mais les maudits mots se réagençaient sans discontinuer.

''Le fondement de la loi de Liévrétoile s'applique à la matière qui naturellement agence son ordre de changement du liquide au solide....

Le fondement du loire s'applique à la manière qui évenementiellement agence son ordre de changement du liquide au gazeux...


Le fond des amants du soir dont la matière est naturellement l'amour agence leur changement livide et homicide...

LefondementdelaloideLiévrétoiletoiletoiletoile...


Tout autour de lui, aux tables, les usagers de la bibliothèques le dévisageaient du regard, comme s'ils se moquaient de son incapacité à dépasser la première phrase de la première page du premier chapitre. Il ne s'agissait ni d'élèves, ni de professeurs.

C'étaient les oiseaux.

Les voilà.

Souvent des oiseaux étaient présents dans ses rêves. Cette fois-ci, ceux-là avaient des têtes de volatiles sur des corps d'élèves en robe de l'école. Les têtes avaient conservé l'échelle normale présente dans le monde naturel, ce qui, sans qu'il ne puisse mettre le doigt dessus, rendait la chose encore plus effrayante.
Les minuscules yeux d'un rouge-gorge lui dardaient un regard indéchiffrable. Le ben surdimensionné d'un toucan reposé sur un pupitre, tandis que l'oiseau paraissait consulter un gros tome usé. Un fou masqué à tête blanche qui louchait de manière criminelle faisait peser son regard sur sa nuque. Une flopée de Martins-pêcheurs qui babillaient inaudiblement, sur sa droite.

C'étaient eux, les oiseaux. Les invités récurrents. Si comme Everard se plaisait à le penser les rêves étaient comme une longue tapisserie brodée, ces volatile en étaient les motifs qui s'illustraient le plus souvent.

En face se lui se trouvait une fenêtre sur le mur de pierre. Sa simple présence le mettait aussi mal à l'aise. Derrière ses verres il ne pouvait pas voir le paysage familier qui aurait du se trouver là. Parfois, les beaux jours, les élèves étaient en mesure de distinguer les toits des maisons de Pré-au-Lard depuis la Bibliothèque du troisième étage. La cime du Saule Cogneur, les autres tours.
Dans le rêve, derrière la fenêtre, il n'y avait rien. Juste une nuit d'encre et des étoiles nombreuses. Trop nombreuses.

Il avait compris que ce n'était pas un rêve au moment ou les lettres s'étaient mises à dégouliner. C'était assurément un cauchemar.
Les voyelles s'étaient mises à se tortiller sur les pages, tandis que les consonnes, toujours contrariantes, avait tout simplement coulé du papier. Les mots jusqu'alors si ordonnés et si sensé avaient perdu toutes cohésions, toute cohérence. Le livre se vidait peu à peu, devenant exsangue comme après une saignée de trop. A chaque fois qu'il voulait récupérer les lettres fugueuse dans le creux de ses mains, elles se dévoraient entre elles pour former des nouveaux mots, dénués de sens.

Il en était indigné. Pire, il était en colère !
Les lignes et les lignes de texte se perdaient trop vite pour qu'il puisse les mémoriser. Les pages des tomes bruissaient, l'appelant au secours, alors qu'en vérité il ne pouvait strictement rien y faire.

Dans ce cauchemar, il n'avait pas sa baguette, uniquement une loupe inutile à cause d'une grosse fêlure à la surface du verre bombée. Quand il la portait à son oeil sa vision s'en trouvait soudainement amélioré si bien qu'il pouvait voir comme au travers d'une longue vue. Mais pendant qu'il était en train d'expérimenter cette maudite loupe, les lettres animées fuyaient de toute part, allant jusqu'à disparaitre sous les perrons des portes de la salle.

La salle, d'ailleurs, était plus que déroutante. Il s'agissait de la bibliothèque de l'école. Il la reconnaissait. Ça, pas de doute. Le souci, c'était les étagères. L'ancien bois noir dont elles étaient faites avait perdu de sa robustesse, jusqu'à s'étirer en des spirales et des colimaçons. Les livres tombaient des étagères mobiles les un à la suite des autres en papillonnant comme les fruits en hélice des érables.

- Non non non ! Arrêtez ça ! Le savoir est en train de se perdre ! Tout va s'oublier !

A sa grande horreur, la fenêtre qui donnait sur le ciel nocturne s'était ouverte, et les lettres en profitaient pour filer, pour prendre leur envol. Il se jetait pour la millième fois sur la fenêtre pour la refermer, et comme à chaque fois les battants en étaient trop pesants pour bouger. Toute sa  force ne lui était d'aucune aide. Rien n'y faisait. Comme un jet d'eau noir, un jet d'encre à vrai dire, les lettres jaillissaient vers le dehors.

A ce stade, il le savait, tout allait s'emballer et lui balloté de Charybde en Scylla. Tout les oiseaux jusque là parfaitement  silencieux se donnaient le signal pour piailler en un affreux concerts. Tous. En même temps. Everard courait de gauche et de droite, se penchant sur les livres au sol qui étaient agités de leur dernières soubresauts. Un peu comme des trompettes les caquètements des oiseaux avaient salué l'entrée de ses oncles et de son père dans la bibliothèque.

Comme dans une pièce de théâtre ou les genres se seraient fondus les uns dans les autres... comique, dramatique, drolatique. Ils passaient tous les six en pirouettant ou en faisant la roue, cabriolant comme des acrobates complètement fous. Puis, le meilleur pour la fin bien sûr ! Son père faisait son apparition à son tour, en marchant sur les mains comme s'il avait été dans un cirque. Les visages n'étaient pas nets. Impossible de distinguer ses oncles les un des autres.

Cette dose de chaos supplémentaire instillé par les membres de sa propre famille lui faisait perdre le contrôle de ses nerfs. Rapidement, les acrobates sortaient un long sac noir de leurs poches et se mettaient alors à voler les livres encore en vie, les livres dont les mots ne s'étaient pas liquéfiés.

Ils lui volaient tout, tout. Tout ses livres. Pour quoi faire au juste ?
Pour les revendre au marché noir ? Pour s'en servir de cale sous un meuble ? Pour aller renflouer la collection d'un autre ?

- Pourquoi faut-il que vous gâchiez tout à un moment donné ! Le savoir ne se vend pas, il se mérite ! Ça se mérite !

Faisant comme s'ils n'avaient nullement entendu, les pillards se saisissaient du pauvre jeune homme pour le trainer jusqu'à la fenêtre, sans merci, sans accorder une once d'attention à ses hurlements de protestations. Il avait une crainte mortelle du néant, du grand rien derrière la fenêtre. Moins que tout il voulait chuter dans le vide éternellement. Pourtant, pourtant, il se faisait éjecter de la bibliothèque, par dessus bord. La vraie horreur commençait alors.

Il chutait lentement, au ralenti, dans ce noir parsemé d'étoiles. En plus de tomber il tournait sur lui même, et à sa grande surprise ses hurlements de peur se perdaient dans le vide, comme s'il avait toujours été muet. Rien ne sortait d'entre ses lèvres.

Puis il le voyait. Le sphinx. Impossible de faire autrement. La créature était grand comme plusieurs mondes, gigantesque, et il nageait dans le vide nocturne étoileé, vers Everard. Son visage féminin particulièrement neutre, figé, le sphinx évoluait comme dans de l'eau. Quand il respirait, des milliers d'étoiles se faisaient aspirer  à l'intérieur de ses deux narines, par nébuleuses entières. Il s'approchait toujours plus, prenant son temps, tandis que lui, Everard, chutait encore.

Fermer les yeux pour ne pas voir c'était tout ce qui lui restait comme défense. Dérisoires. Ses paupières plissées à en saigner ne l'avait pas préserver d'entendre la question du  sphinx. Ces derniers posaient souvent des questions. Des énigmes. C'était un être mystique, profondément sage.
Rien de tout cela ne fut posé à Everard. Il eu droit à un seul mot.

- Quand ?

La voix féminine du  sphinx se faisait entendre à la foix dans son esprit et dans ses oreilles. Il la ressentait autant qu'il la percevait. C'était une voix étonnament dicrète pour un béhémot de cette taille. Un murmure, en vérité. Un murmure qui se répandait comme une onde, bousculant les étoiles présentes sur son chemin.


Quand ?


Et à ce mot, toujours, il se réveillait.
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