Quatre ans, c'était le nombre d'années où Tokyo s'était laissé entraîner dans le silence le plus total. Ca n'avait pas été facile d'esquiver ses anciens amis, de leur faire comprendre qu'il n'était plus disposé à leur adresser la parole, qu'il voulait rester seul. Le poufssouffle avait besoin de réfléchir, de comprendre et d'effacer certains mauvais moments de sa vie. S'il avait un certain nombre de secrets, celui de la mort de ses parents en faisait plus ou moins parti. Du moins, il n'était pas parvenu à en parler à quiconque. Parfois, il se disait qu'en informer quelqu'un pouvait l'aider à passer le cap, mais il ne savait pas comment y parvenir, ni-même à qui en parler. Dans le temps de sa première année, il y aurait bien eu Gabriel Truman avec qui il s'entendait particulièrement bien. Gabriel, c'était un peu comme un modèle pour lui. Il était sympa, amusant et plein de générosité. Tokyo ne s'étonnait pas qu'il soit devenu préfet ainsi que capitaine de l'équipe de Quidditch. D'ailleurs, il ne serait pas surpris qu'il devienne préfet en chef par la suite. Gabriel, c'était son opposé en spontanéité. Tokyo rêvait tellement de lui ressembler. Pourtant, la vie en avait décidé autrement et lui seul était responsable de son propre renfermement.

Aujourd'hui plus particulièrement, le sorcier regrettait amèrement son comportement à l'égard de son vieil ami. Ce dernier, depuis qu'il était devenu préfet, ne cherchait plus à rentrer en contact avec lui. Tokyo en fut soulagé sur le moment, mais il se rendait compte désormais à quel point il était stupide. Plus que seul, il s'apercevait que ce dont il avait besoin depuis tout ce temps, c'était d'un ami sur qui compter.

Tokyo était assis, seul, près de la cheminée de la salle commune des poufssouffle. Entre les mains, il tenait un manuel d'instruction à la métamorphose. Cela faisait plus d'une heure qu'il tentait vainement de comprendre le sort qui allait lui permettre de changer ses ongles en lame de rasoir. Impossible pourtant de se concentrer ! Tokyo ne pensait qu'à ses erreurs, ses maladresses et les dégâts qu'il avait pu causer. Un peu plus loin, assis à une table avec quelques personnes autour, Gabriel semblait, lui, très occupé. Peut-être que la métamorphose n'avait aucun secret pour lui ? Si c'était le cas, cela n'aurait sûrement pas étonné le jeune sorcier.

A ce moment-là, il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il posa son manuel et se leva. Il s'approchait de Gabriel sans savoir véritablement ce qu'il allait lui dire. Une fois arrivé à sa hauteur, Tokyo eut quelques instants d'hésitations et l'envie de faire marche arrière. Qu'est-ce qui lui prenait soudain ? Peut-être que les souvenirs des bons moments passés avec son ancien ami l'avaient poussé à raviver la flamme de leur amitié ? Et si Gabriel lui en voulait ? Après tout, il avait toutes les raisons du monde pour le détester. Gabriel ne semblait pas encore l'avoir aperçu, peut-être qu'il était encore temps de s'en retourner ?
Trop de questions tourbillonnaient dans la tête du sorcier, beaucoup trop et c'est ainsi que soudainement, il s'entendit lui dire :

- Salut Gab! Jevoulaissavoirsilepostedattrapeur estencoredisponible ? Si...tuasreussi àtrouverquelquun? Parcequepeut-êtreque, situveuxbienjepourraispasserlesauditions !

Tokyo avait dit le tout particulièrement vite, sans reprendre, ou à peine, son souffle. Il n'était pas certain que Gabriel ait compris un seul mot de ce qu'il venait de dire. Le pire était qu'il ne comprenait pas pourquoi il s'était proposé en tant qu'attrapeur. Il n'était pas mauvais sur un balai, mais ne pensait pas être un as non plus. Sa spécialité à lui c'était la voltige équestre et non pas le vol sur balai. Il y avait bien entendu des similitudes, surtout en terme d'équilibre, mais ça restait deux choses différentes. Probablement que la passion de Gabriel fut le seul sujet qui était venu à l'esprit du sorcier dans ce moment de stress.