- On se partage les étalages ? Tu fais la gauche et moi la droite ? Et on se retrouve ici une fois qu'on a récupéré tout ce qu'il y a d'intéressant, ça te va?

Rosalind acquiesça d'un petit hochement de tête et partit à l'assaut des rayonnages. La bibliothèque lui était familière désormais, et elle naviguait sans peine parmi ses différentes sections; les rayons consacrés aux divers sujets d'étude comme autant de royaumes voisins et rivaux. La petite rouquine se dirigea d'emblée vers les ouvrages traitant de l'Histoire de la Magie, dans la direction indiquée par Gemma. La conversation surprise entre les deux fantômes avait été un sujet constant de discussion entre elles cette dernière semaine. Après moult théories échafaudées, une chose était claire, les deux petites Serpentardes avaient besoin de réponses. Et elles s'étaient naturellement tournées vers la source de savoir de Poudlard: la bibliothèque.

À sa grande surprise, Rosalind constata que les rayonnages étaient beaucoup plus clairsemés que d'habitude. Pourtant l'Histoire de la Magie n'était pas un sujet qui faisait beaucoup d'émules parmi les étudiants de Poudlard. Du moins, pas qu'elle sache. Et cela n'avait rien d'étonnant quand on voyait qui était l’enseignant sensé transmettre cette science. Pour beaucoup, Binns avait du tuer dans l’œuf le moindre début d'enthousiasme pour les hauts faits du passé. Peut-être, sûrement, était-ce la tonalité sinistre et monotone du professeur fantôme, au propre comme au figuré, qui en était la cause. Mais son obsession pour les guerres gobelines devait aussi peser dans l'équation de l'ennui que partageaient ses élèves. Et pourtant, les rayons d'Histoire étaient presque vides. Possible que l'insupportable Granger ait, encore une fois, poussé le zèle un peu loin, mais tout de même... Même les manuels sur l'Histoire de Poudlard avaient été dévalisés! Décontenancée, Rosalind parcourut le rayon de long en large, tentant de repérer parmi les livres restants, quelques titres susceptibles de leur apporter des réponses. Mais rien. Niet. Nada. Visiblement, elles n'étaient pas les premières à vouloir en savoir plus sur les Fondateurs et les secrets liés à la création de la fameuse école de sorcellerie.

Frustrée, elle décida quand même, par acquis de conscience, de vérifier les autres rayons. Sortilèges. Botanique. Métamorphose. Potions. Et même Quidditch. Mais comme précédemment, sa recherche fut vaine. Elle était sur le point de laisser tomber quand elle se souvint qu'il y avait une étagère qui avait échappée à ses investigations: les livres pour enfants.

Comme les Moldus, les enfants Sorciers avaient grandi avec des livres qui leur étaient dédiés. La littérature enfantine comptait de nombreux auteurs talentueux, notamment en Europe, et les illustateurs capables d'animer leurs oeuvres étaient très prisés. Beaucoup s'étaient endormis au son d'une voix adulte leur narrant les péripéties de Beedle le Barde et, plus grands, ils avaient probablement appris à lire en tournant les pages de "Traviolta et le Centaure", ou bien du "Vilain petit Cracmol". Surpenant de trouver ces albums illustrés dans la bibliothèque gérée par Mrs. Pince, mais Dumbledore avait sûrement imposé que le catalogue en propose quelques uns. Pour un vieux bonhomme adepte des Berties Crochues et autres gadgets de farce et attrapes, après tout, ça paraissait cohérent. Rosalind tendit la main vers les "Contes de Beedle le Barde"; elle reconnaissait l'édition, elle possédait la même. Un cadeau de son sixième anniversaire. Mais son attention fut détournée par le titre qu'elle lu sur la tranche voisine: "Les Quatre Fondateurs". Le livre était de grande taille, mais fin, probablement composé d'images, sa couverture représentait un homme qui chevauchait vers un château, probablement Poudlard.

C'était peu, mais elle et Gemma devrait s'en contenter. D'ailleurs, peut-être que sa comparse avait été plus heureuse dans ses recherches. Elle s'empressa de rejoindre la petite brune.

-Tu as trouvé quelque chose?

-Je crois bien que les Serdaigles dont parlaient les fantômes sont passés avant nous... marmonna la fillette avec dépit. Elle déposa le livre d'enfants sur la table. C'est pour les enfants, mais c'est tout ce que j'ai trouvé. Et toi?