Rosalind aimait le printemps plus que n'importe quelle autre saison. En cela, elle ne différait pas de bon nombre de Sorciers. Mais cette année, elle était d'autant plus enchantée qu'elle était témoin de la formidable floraison qu'offraient les végétaux conservés dans les Serres de Poudlard. Autant de diversité qui s'épanouissaient devant ses yeux... D'autant que les plantes magiques avaient des façons insolites de lancer leurs campagnes de pollinisation. Elle avait entendu dire que certaines fleurs de Plante à Pipaillon, non contentes de produire un parfum envoûtant et changeant, quittaient tout bonnement la tige mère et s'envolaient afin de s'adonner à ce qui ressemblait à des parades nuptiales. Après avoir tracé des figures complexes dans les airs, les fleurs appariées se déposaient sur un coin de terre fertile pour donner naissance à une nouvelle pousse. Malheureusement, ces dernières ne fleurissaient qu'une fois par centenaire... Et Rosalind n'avait jamais eu la chance de contempler ce spectacle, ni de respirer le parfum de Pipaillon. (Même si c'était une bonne chose... Ce dernier étant réputé pour être dangereux et provoquer des hallucinations sérieuses, voire, la folie...)
Mais il y avait bien plus à voir que ces plantes lépidoptères et, depuis l'arrivée des beaux jours, la petite fille avait saisi tous les prétextes pour traîner dans les Serres. Finalement, Mrs. Chourave, lassée de toujours l'avoir dans les pattes, mais résignée devant la ténacité de sa jeune élève, avait fini par lui confier quelques menues tâches à effectuer. Si elle voulait absolument être là, autant qu'elle se rende utile! Rosalind n'aimait pas les corvées, et n'y avait jamais vraiment été confrontée. L'elfe de maison qui servait sa famille, Ash, était là pour ça. La jeune Fawley avait un peu plissé le nez à l'idée de se salir les mains, mais s'était exécutée sans broncher. Après tout, le jardinage était la seule activité manuelle à laquelle elle s'adonnait volontiers.
Ce jeudi après-midi, elle s'était glissée dans la Serre n°1 après un cours de Deuxième Année. Elle avait attendu que le groupe d'élèves se dispersent sur la pelouse du Parc avant de pénétrer sous la voûte de lumière et de verre. Il y faisait presque chaud et la fillette décrocha sa cape avant de la déposer sur un des tabourets propres. Elle arrosa les végétaux qui avaient besoin de l'être avant d'essuyer la terre répandue sur une des tables de travail et d'y déposer soigneusement un pot d'Alihotsy. Elle plissa les yeux avant d'attacher ses boucles avec un ruban et sortit de son sac un carnet ainsi qu'un crayon de bois.
Sa Grand-Mère lui avait envoyé un recueil de notes. Des notes prises par son Grand-Père alors qu'il remontait l'Amazonie à la recherche de nouvelles découvertes botaniques, et dont les croquis avait fasciné Rosalind. Décidant qu'elle aussi voulait être capable d'en faire autant que son aïeul, elle avait résolu de "croquer" le plus de végétaux possibles. Après tout, elle pouvait être une célèbre romancière ET une botaniste dont la renommée de ses esquisses n'auraient d'égal que son génie.
Sauf que... Rosalind Fawley dessinait comme un Boltruc dansant le flamenco. Mal. Et bien qu'elle fut très confiante en ses capacités, quand elle regarda le pauvre Alihosti de papier qu'elle venait d'ébaucher... Elle se dit, non sans une certaine vexation, qu'elle devrait peut-être s'en tenir à l'écriture de romans.
La porte de la Serre s'ouvrit et Fawley releva la tête. Un élève de Gryffondor, plus âgé qu'elle, peut-être d'un an ou deux se tenait devant elle. Elle crut reconnaître un étudiant de Deuxième Année, qui, comme tant de Gryffondors (et ça n'était pas un cliché!) semblait ne pas pouvoir tenir en place. Peut-être avait-il oublié quelque chose en sortant du Cours de Botanique?
Dernière édition par Rosalind Fawley le Mar 3 Avr - 15:58, édité 1 fois
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Re: Au mois des fleurs, après les froids - Lun 29 Jan - 23:46
Au mois des fleurs, après les froids
QL’un des passe-temps favori de Joshua avec la métamorphose, c’était de faire pousser tout un tas de plantes repoussantes et dangereuses pour le commun des mortels. Aussi bizarre que cela devait l’être aux yeux des autres étudiants et des professeurs, le Gryffondor hyperactif s’était pris d’une passion telle pour la botanique qu’il suivait les cours avec assiduité et attention. Il se rendait même de temps à autre dans les serres de botaniques pour faire des heures supplémentaires qui consistaient à voir comment se portait les plantes. Avant la rentrée, ses parents lui avait offert un Mimbulus Mimbletonia et son grand-père deux pots de mandragores livrées avec mode d'emploi. Le passage le plus amusant sur le mode d'emploi était celui qui expliquait comment faire enfiler des chaussettes aux mandragores en hiver. Les plantes avaient beau être en terre, elles avaient toujours froid aux pieds.
C'est donc par fascination pour les plantes repoussantes que Joshua s’était mis en tête de faire pousser des champignons sauteurs dans les serres en remplacement des bombabouses qu’il avait gaspillé bêtement la veille pour chasser Miss Teigne d’un couloir. La pauvre chatte avait trouvé l’odeur tellement forte qu’elle s’était réfugiée un étage en dessous, ce qui n'était malheureusement pas le cas de Rusard... En dehors de la chasse aux chats quotidienne pour protéger Splinter et parce qu’il les abhorrait tout simplement, Joshua était excellent pour traquer des gnomes de jardin. Il leur mettait toujours un coup de branche épineuse sur le crâne pour les faire sortir de leur trou et une fois fait, les attrapais par une jambe et les faisait tournoyer au-dessus de sa tête pour les jeter plus loin. Cruel certes, mais les gnomes avait la peau dure. Pour preuve, ils se frottaient bien les fesses contre les rosiers de sa tante !
Aujourd'hui, c’est avec une certaine euphorie que Joshua, ou appelez-le plutôt le « maitre incontesté des plantes dangereuses et mal aimées », se dirigeait vers les serres en fredonnant une petite chanson qu’il avait trouvé dans un livre de la bibliothèque. Oh, il n'y avait jamais mis les pieds ! Non, loin de là. Quelqu’un l’avait juste oublié sur la table de la Grande Salle.
Douce est l'herbe, que votre pied soit de plume! La rivière est d'argent, les ombres sont fugitives; Gai est le mois de mai, et gaie notre assemblée.
Le Gryffondor se posta devant les serres avant de baisser la poignée de la porte vitrée.
Chantons à présent doucement, tissons-lui des rêves! Enveloppons-le dans le sommeil, et la, laissons-le! Le voyageur dort. Que son oreiller lui soit doux!
Il entra dans la voûte de verre et se figea un instant lorsqu’il remarqua quelqu’un en face de lui. C’était une fille de Serpentard. Zut, la guigne ! Il espérait qu’elle n’ait pas entendu sa petite chanson, même s'il ne la comprenait pas et qu'il la chantait quand même.
- Euh, salut, lança Joshua un peu maladroitement.
Le Gryffondor n’avait normalement pas le droit d’être dans les serres.
- Tu fais des cours particuliers ? lui lança-t-il avec une pointe d’humour lorsqu'il remarqua qu'il n'avait rien à craindre d'elle. Moi c’est Joshua. Je viens juste pour vérifier l’état de mes petites mandragores et de mon Mimbolu...Mibeulu... enfin bref. J'arrive jamais à prononcer ce truc. Oh mais dis-moi, ça ne serait pas un Alihotsy, par hasard ? Le Gryffondor se pencha par-dessus l’épaule de la fille pour voir le dessin qu’elle venait de réaliser dans son carnet.
Joshua n’était pas vraiment du genre à faire attention aux convenances et était un peu trop démonstratif. Mais son compliment était tout à fait honnête ! Il trouvait le dessin plutôt bien réalisé.
- Pas mal, lui dit-il avec un petit sourire. J'aurais pas fait mieux. Joshua se haussa sur la pointe des pieds pour voir s’il n’y avait personne d’autre dans les parages. Il n'aurait pas aimer tomber sur Malefoy ou un autre Serpentard. Seule Marie Avery était l'exception à la règle.
- Bon, et bien moi je vais voir comment se porte mes plantes ! lança-t-il tout guilleret en se dirigeant vers le fond de la serre. Il y trouva ses deux crieuses ainsi que son cactus qui avait bien poussé depuis quelques jours. Malheureusement, ces plantes étaient trop dangereuses et il ne pouvait pas les laisser trainer dans le dortoir des garçons. Seul Neville gardait un Mimbulus sur sa commode, mais il était beaucoup moins développé que celui de Joshua. Joshua entreprit donc de remettre un peu de terreau et d'arroser ses plantes. Pendant un instant, le silence planait dans la serre. Jusqu'au moment où ce fut plus fort que lui et que le reste de la chanson s'échappa de ses lèvres.
Ne soupire plus, Pin, jusqu'au vent du matin! Tombe, Lune! Que la terre soit noire! Chut! Chut! Chêne, frêne et épine! Que tout eau fasse silence jusqu’à ce que l'aube soit la !
Les notes de la chanson restèrent suspendues dans l'air quand le jeune Gryffondor posa les yeux sur Rosalind. Visiblement, il ne s'attendait pas à avoir de la compagnie... *Eh bien, quoi? J'ai bien le droit de profiter des serres moi aussi!* Cela dit, il eut le bon ton, et la politesse, de la saluer.
- Euh, salut.
C'était un peu sommaire, mais c'était déjà ça. Et vu le niveau général des Gryffondors en terme de subtilité et de diplomatie, la petite Fawley s'estimait assez satisfaite de cette salutation. Elle répondit d'un hochement de tête et reprit ses laborieux gribouillages. Elle s'attendait à ce que le bref échange s'en tienne là et que le garçon vaque à ses occupations en la laissant aux siennes, mais à priori, le nouveau venu semblait voulait entamer un brin de discussion.
- Tu fais des cours particuliers ? Moi c’est Joshua. Je viens juste pour vérifier l’état de mes petites mandragores et de mon Mimbolu...Mibeulu... enfin bref. J'arrive jamais à prononcer ce truc. Oh mais dis-moi, ça ne serait pas un Alihotsy, par hasard ?
*Un Mimbulus Mimbletonia?! Encore un?!* La fillette ouvrit des yeux ronds. Elle savait que Londubat était en possession d'un de ces specimens rares originaires d'Assyrie. Mais qu'un autre Gryffondor puisse jouir du privilège de s'occuper, lui aussi, d'une telle merveille... Elle porta son regard vers le plan de travail où étaient entreposés les travaux personnels des élèves. Rosalind n'avait jamais vraiment porté attention à ce coin de la Serre, mais si elle avait su qu'un Mimbulus s'y trouvait, nul doute qu'elle se serait attachée à l'observer et à prendre des notes conséquentes sur son développement. De sa place, elle repéra la plante en question. Le "cactus" dominait les autres plants par sa taille. *Et il a atteint une hauteur conséquente déjà!*
- Oh mais dis-moi, ça ne serait pas un Alihotsy, par hasard ?
Mi-envieuse, mi-fascinée, la fillette reporta on attention sur le pot qui se trouvait en face d'elle.
- Euh, oui, oui, c'est ça.
- Pas mal. J'aurais pas fait mieux.
Quand elle réalisa que le garçon parlait de son dessin, la Serpentard fronça les sourcils. Elle considéra les traits maladroits qu'avait laissés la mine de son crayon sur le parchemin... et se demanda si le petit brun ne se moquait pas d'elle.
Mais aucune trace d'ironie ne s'entendait dans la voie du Gryffondor, qui s'exclama, joyeux: - Bon, et bien moi je vais voir comment se porte mes plantes !
Un débat intérieur faisait rage en Rosalind. D'un côté, l'élève qui venait de faire irruption dans la Serre était un Gryffondor. C'est-à-dire que, d'après le code tacite des Serpentards, l'attitude recommandée était de l'ignorer et de se concentrer sur sa tache présente. D'un autre côté... elle brûlait d'en savoir plus sur le Mibulus Mimbletonia. Comment était-il arrivé dans les mains de Joshua? Est-ce que le garçon avait pu le voir grandir et atteindre sa maturité?
Elle reporta son attention sur sa pauvre esquisse d'Alihosty, et leva sa plume pour tenter de corriger un trait qui manquait de précision.
"Ne soupire plus, Pin, jusqu'au vent du matin! Tombe, Lune! Que la terre soit noire!"
La pointe de sa plume s'arrêta dans les airs, à quelques milimètres du papier. Rosalind releva brusquement la tête et fixa le profil de Joshua, debout devant des plants de Mandragores. La mélodie et les paroles avaient éveillé quelque chose chez la fillette, ou peut-être était-ce la voix du jeune garçon, qui chantait d'ailleurs fort bien. Un souvenir, une émotion. Elle se sentit transportée sous la tonnelle d'une véranda, entourée de présences rassurantes et enveloppée d'une odeur entêtante de roses. Et il y avait une femme aussi, une dame plutôt. Mais elle ne parvenait pas à se souvenir de qui.
"Chut! Chut! Chêne, frêne et épine! Que tout eau fasse silence jusqu’à ce que l'aube soit la !"
Elle se rendit soudain compte que sa bouche était restée ouverte et qu'elle dévisageait toujours ouvertement Joshua. Elle pinça promptement les lèvres, et après quelques secondes d'hésitation, elle balbutia:
-C'est... Pardon, mais, la chanson... Enfin... Qu'est-ce que tu chantes?
Oubliés ses rêves de dessinatrice, à cet instant précis, rien ne lui importait plus que la ritournelle qu'elle venait d'entendre. Le regard intense qu'elle posait sur le jeune chanteur, son souffle retenu... tout son être était tendu dans l'expectative d'une réponse.
Re: Au mois des fleurs, après les froids - Mer 9 Mai - 22:48
Au mois des fleurs, après les froids
QJoshua avait enfilé des gants en peau de dragon et soulevé le pot contenant son Mimbulus Mimbletonia avec la seule force de ses petits bras. C’est à peine s’il réussit à le poser convenablement sur la table en face de lui. Le cactus oscilla dangereusement avant de se remettre droit.
- Eh bah ! C’était moins une ! Maintenant, le terreau.
La serre était plongée dans un calme relatif durant lequel il se parlait presque à lui-même, étalant le terreau sur toute la surface du pot et aspergeant ses mandragores. Puis, au bout de quelques secondes, un flot de notes suaves et cristallines émergèrent au-dessus de la flopée des plantes qui se trouvaient là et se répercutèrent sur les parois de verre de la serre. Il les entendait, comme si elles venaient de loin, et pourtant c’était bien lui qui chantait. Les grattements de la plume de Rosalind avaient cessés, tandis que lui-même était transporté par cette étrange mélodie. Il s’imagina perché sur un immense rocher, poursuivi par les ombres menaçantes des arbres dans une nuit sombre et glaciale. Un ruisseau coulait en bas de ce rocher et il n’attendait qu’une chose, que l’aube revienne pour qu’il puisse retrouver son chemin. Il avait faim et était perdu.
A la fin de sa chanson, il constata qu’il avait trop arrosé ses plantes et le cactus lui fit savoir son mécontentement en lui écorchant le poignet. Puis, en levant un peu plus la tête,, il aperçut Rosalind qui le dévisageait. Dans un premier temps, il ne savait pas trop comment réagir. Est-ce qu’il venait réellement de chanter, là ? Ailleurs que sous sa douche ? Semblant sortir d’une drôle de rêverie, Joshua resta perplexe.
-C'est... Pardon, mais, la chanson... Enfin... Qu'est-ce que tu chantes?
- Ah, euh… Comment dire, je t’avoue que je me suis même pas aperçu que je la chantais. C’est un poème… ahem, enfin plutôt une chanson que j’ai trouvé dans un… livre.
Joshua qui détestait employer le mot poème et livre dans la même phrase, fit une moue de dégoût. Puis, ses yeux se mirent à pétiller soudainement lorsqu'il se remémora l'histoire qu'il avait lu quelques heures auparavant. Il entreprit de raconter le récit à Rosalind qui semblait aussi avoir été un peu chamboulée par ces paroles.
- Cette chanson est en lien avec l’histoire d’un ancien peuple guerrier moldu appelé les Theodiens. Ce peuple vivait dans une région des terres glaciales où un dragon trouva refuge sous la montagne avec les biens des personnes qu’il avait dépouillées. Un soir, alors que la nuit était tombée et que Scatha, le roi de la montagne, semblait dormir à poings fermés, les Theodiens voulurent reprendre leurs trésors mais le dragon qui n’était pas dupe, les chassa. Une nuit éternelle tomba alors sur la région comme une malédiction. Les plantes y dépérirent peu à peu, les animaux moururent, et lorsque les hommes n’avaient plus rien à manger, ils périrent aussi. Ce après quoi, plus aucune personne n’eut de nouvelles de cette région. On dit qu’elle fut ravagée par le dragon et qu’elle devint terre de lave. Mais personne n'est vraiment revenu pour le dire.
Joshua accentua l'intonation sur cette dernière phrase, dans le but de décrocher un frisson à son interlocutrice. Pendant le récit, il avait pris un ton glaçant, comme s’il venait de raconter une fameuse histoire d’Halloween à ses frères. Mais il parlait, il parlait... et il restait peu attentif à ce qu’il faisait. Il constata alors qu’il s’était mis de la terre dans les cheveux en ayant oublié de retirer ses gants, et s’ébouriffa rapidement avant de reprendre.
- Rosalind, c’est ça ? Je crois que je t’ai déjà vu en cours de botanique l’autre jour. Si tu veux, tu peux venir observer mon Mimbulus Mimbletonia, j’ai fini de m’en occuper. Au fait, si tu te demandes comment j’ai pu en avoir un, c’est parce que mon grand-père l’a acheté à un marchand itinérant assez bizarre, l’autre jour, qui lui a dit qu’il essayait de s’en débarrasser au plus vite...