Dortoir des filles - Novembre 1991

Rosalind avait tourné la tête vers elle et lui avait sourit. Rictus que Gemma lui avait aimablement rendu. La rouquine lui avait répondu qu'elle se disait que c'était étrange, parce que dans les livres, les dortoirs étaient le lieu où on pouvait rire entre filles ou papoter. Comparant le silence qui régnait dans le leur, elle ajouta qu'il était plutôt mort. Aussi, elle lui fit part de ses sentiments sur leur maison et les relations qu'entretenaient les professeurs avec celle-ci.

"- Tu as raison, mais il y a bien d'autres endroits bien vivants, il faut juste savoir où aller ... Et n'avoir pas peur d'enfreindre les règles. Je ne sais pas si ça te poses problème ?"

Après lui avoir laissé le temps de répondre, elle reprit.

"- Même entre serpentards, on est pas forcément très soudés. C'est bête mais la plupart ne pense qu'à eux-mêmes et sont trop égoïstes."

Après un soupir, elle répondit à la question qu'elle lui avait posé sur le fait d'être bien entourée et qui évoquait Persei.

"- Si je suis bien entourée ?"

La brunette éludait au moyen d'une autre interrogation. Elle avait perdue la personne à laquelle elle avait le plus tenu, et ça avait été leur fautes, à elle et aux erreurs qu'elle avait commise. Sans lui, il y aurait toujours un vide. Cependant, elle ne pouvait que comprendre le fait qu'il se soit éloigné d'elle. Même si cela la blessait profondément, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Cachant à merveille sa peine, elle s'enquit de répondre.

"- Elle a été ma première amie, en effet. C'est une parfaite alliée."

La Fawley et la Black se connaissaient-elles ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Pour autant, elle n'était pas certaine que leurs caractères s'accorderaient. Elle pouvait aussi se tromper, il y avait parfois d'étrange relations qui se créaient.

"- Et toi, j'ai vu que tu étaient souvent avec quelques autre ... filles ?"

Elle ne tentait même pas de cacher le mépris qu'elle avait pour ce qu'elle considérait être des espèces de dindes. D'accord, il ne fallait pas juger sur les apparences, mais des fois, ça ne trompait pas.

« - Pas vraiment., répondit Rosalind sur le fait d'enfreindre les règles, après, tout dépend si le jeu en vaut la chandelle. Et de s'assurer de ne pas se faire prendre. Mais pour le moment, je m'en suis plutôt bien sortie. Il faut aussi trouver la compagnie adéquate pour ça, non? Désobéir, ça reste quand même plus marrant à plusieurs ! 

Gemma eut un large sourire. C'était ce qu'il y avait de plus amusant, faire en sorte de ne pas se faire prendre. S'amuser des conditions pour défier l'autorité. Il fallait bien avouer que cela lui jouait parfois des tours, mais peu importe. C'était de sa faute, et cela lui apprenait à être plus prudente, à faire plus attention. Enfin, il n'empêchait qu'elle taisait ses échecs et qu'elle n'allait certainement pas aller les raconter à la rouquine. Celle-ci reprit sur «ses amies», ou son entourage plutôt.

« - Tu dois parler de Solweig, Lizzy et compagnie? Elles sont plutôt sympathiques, tu sais. Pas vraiment... intéressantes, à proprement parler, mais c'est agréable d'avoir quelqu'un à qui parler et Anne est vraiment hilarante. Enfin ces derniers temps, je ne sais pas ce qu'elles ont, elles ne parlent que de garçons, ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel, à croire qu'elles n'en ont jamais vu de leur vie. Elles ont même établi un classement de ceux qu'elles trouvent les plus beaux… Il y a un grand débat pour savoir qui de Malefoy ou de Carrow arrive en tête. Mais Lizzy ne jure que par... Winchester. C'est te dire le niveau des conversations...  »

La petite Landre fronça le nez. Visiblement, même la Fawley ne les estimait pas particulièrement. Et cette manie de s'intéresser de la sorte aux garçons … C'était ridicule de les mettre comme ça au centre de leur préoccupation alors qu'il y avait tant de choses plus intéressantes à voir et à faire.

« - Débat essentiel, effectivement, se moqua Gemma. Non, vraiment, c'est tellement futile. Je ne sais pas comment tu fais pour les supporter. Il vaut mieux quelques personnes intéressantes que toutes une cours de gens comme … elles. Enfin de ce que j'en pense. Et puis Winchester, sérieusement ? Il est au moins en quatrième ou cinquième année. Enfin si un jour tu veux te changer les idées, parler d'un autre sujet ou qu'on se trouve une activité toutes les deux, n'hésite pas à venir me voir. Tuer l'ennui est ma principal occupation, ici. »

Repensant aux sorcières citées, la fillette ne put s'empêcher un ricanement. Vraiment, elle n'arrivait pas à comprendre qu'elle puisse les supporter. Elle-même ne l'aurait fait que si elle avait besoin d'elles. Quand elle voyait Rosalind, elle était toujours entourée d'elles ou en train d'écrire. À ce propos, elle se demandait si elle avait avancé son histoire.

« - D'ailleurs, comment se porte … Gwendoline, il me semble ? »

Elle été curieuse de voir les modifications qui avaient été apportées depuis leur dernière discussion.

Pour répondre à sa question, Rosalind lui fit un grand sourire que Gemma lui rendit avec plaisir. Les projets d'écritures l'intéressaient, c'était même un sujet qui la passionait. Jamais elle n'aurais été capable de parler de ses textes, et elle ne savait si c'était une faiblesse ou une force, mais elle appréciait que la petite Fawley ose le faire, ne serait-ce qu'avec elle.

"- Pour le moment, je l'ai laissée de côté. J'écris une nouvelle en ce moment. Ça se passe à Venise. L'histoire du jeune femme, Emilia, qui cherche à savoir qui a assassiné son père. Et j'ai essayé de suivre tes conseils. Elle est plus sombre et plus compliquée que les personnages que j'avais l'habitude d'inventer. J'approche de la fin, là..."

L'italienne perçut un doute dans la pause que fit la rouquine. D'un visage avenant, elle lui intimait corporellement de continuer.

"- Je pourrais te faire lire, si tu veux. Quand ce sera fini."

Ce projet l'enthousiamsait, et elle ne le cacha pas. Visiblement, Rosalind faisait un effort, et elle voulait l'encourager. Elle était bien consciente que ce n'était pas facile de s'ouvrir, et elle ne voulait certainement pas que la fillette se renferme. C'était tellement bien d'avoir quelqu'un avec qui échanger, même si elle ne s'amusait pas à également lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur. Elle ne s'en pensait plus capable, mais qui savait, un jour ...

Elle aimait être écoutée, et le fait qu'on ai prit en compte ses conseils la mettait aussi plus à l'aise. La nouvelle serait certainement très imparfaite, mais cela ne la rendrait que plus intéressante. Ainsi, elle avait hâte de la découvrir.

"- Avec plaisir ! Comme j'ai vécu à Venise, je pourrais reprendre les quelques incohérences qu'il y aura peut-être."

Aussi, elle hésita à partager également ses créations, avant de se rappeler que se dévoiler pouvait être dévastateur. Se reprenant, elle éjecta son idée aussi loin qu'elle le pouvait, même si elle ne s'effaça pas complètement. Elle ne faisait plus vraiment attention à ce qu'il se passait autour d'elle, mais la voix de sa compagne la rappela à la situation présente.

"- Je me demande comment c'est, de marcher dans le château la nuit, quand tout le monde est parti se coucher..."

Il n'en fallait pas plus à la brunette. Sans cette perche, elle aurait pu faire cette proposition, alors elle n'allait certainement pas s'en empêcher dans ces conditions.

"- C'est merveilleux. On est libre et vivant. Je t’emmènerais un de ces soirs. Avant ma prochaine sortie, je te préviendrais."

Elle était heureuse d'avoir trouvé une compagne pour ses bêtises, même si ce n'était qu'un réconfort.