La nuit était noir, les quelques lumières qui le parsemaient semblaient fades, éteintes en cette nuit sombre. Ces clartés bienveillantes n'étaient plus réconfortantes, mais accusatrices, berçant vilement les pleurs de la fillette qui se tenait contre la rambarde de la tour. Les billes silencieuses ruisselaient le long de ses joues, créant des sillons humides sur la peau de l'enfant. Elle se pensait forte, intouchable, mais elle débordait si souvent de ses sentiments. Son cœur habitait un océan déchaîné, dont les vagues se faisaient trop fortes contre les parois de son organe. Ses barrières se brisaient, se déversant dans l'ensemble de son corps jusqu'à parvenir à ses yeux. De là, avec ces gouttelettes, tout son mal-être semblait s'évacuer. Pourtant, c'était faux. Il se dissimulait pour un temps, avant de revenir, plus fort, plus important, plus rude encore.

Comme si le temps s'accordait à son humeur, de lourdes gouttes de pluies frappaient le sol du domaine, les murs du château, les tuiles de l'école. Le vent les liait aux cheveux valsant de la fillette, recouvrant son visage de cette eau si pure. Jamais elle n'avait été si seule, jamais elle n'avais même eu besoin d'être entourée, elle en était certaine. À tord, mais ce n'était qu'un détail dont elle n'était pas consciente. Sa douleur l'encombrait, elle aurait voulu pouvoir le laisser de côté comme un paquet dérangeant, mais elle ne le voulait pas. Elle le dissimulait, mais n'arrivait pas à l'oublier. Rarement, elle réussissait à le laisser de côté, mais c'était à de rare moment de répit.

Et elle se retrouvait, en pleine nuit noir d'hiver, à pleurer en symbiose avec l'orage.

Le regard de l'enfant était brouillé par les larmes qui se confondaient avec lui pluie. Ce qui se déroulait devant elle était spectaculaire, elle parvenait presque à s'oublier dedans. Mais la réalité refusait de quitter son esprit, lui lacérant le cœur. Ce qu'elle aurait aimé ne plus rien ressentir ...

Une voix interpella la fillett,. Immédiatement, elle cessa de faire le moindre bruit, la surprise ayant tué ses pleurs. Comme elle était face au vide, accoudé à la rambarde qui avait soutenu ses sanglots, elle ne voyait pas qui lui avait parlé. Cela ne l'avait pas empêché de reconnaître le timbre, et donc le nom de la personne qui l'avait trouvée : Rosalind Fawley. Si elle l'appréciait, elle n'avait aucune envie de se montrer à elle de cette manière. Ni à personne d'autre d'ailleurs. C'était trop dégradant, et elle ne voulait pas que qui que ce soit l'apprenne.

Rosalind était désormais ce qui se rapprochait le plus d'une amie pour elle, mais elle refusait de lui accorder sa confiance. En le faisant, elle ne pourrait que souffrir, et elle avait décidé de s'abstenir de peine incongrue désormais. Elle devait s'endurcir, chasser tout sentiment de son être.

Après un certain moment au terme duquel à physiquement reprendre contenance, elle fit face à sa camarade.

"- Rosalind ! Qu'est-ce que tu fais ici, à cette heure ?

Dans ces circonstances, elle préférait ne pas parler d'elle. Elle n'était d'ailleurs pas du genre à se mettre en avant comme elle avait parfois pu en voir le faire. Cela n'avait strictement aucun intérêt à ses yeux.

Toujours dans l'idée de détourner la rouquine de ce qu'elle avait pu voir, elle tenta de trouver une activité pour occupé leurs pensées. Cela ne fut pas particulièrement ardue.

- J'allais justement partir en exploration. Ça te dirait de m'accompagner ?"

En déambulant, elles trouveraient bien quoi faire.

Rosalind lui répondit qu'elle avait à son tour voulu explorer le château, tentée par la description que lui en avait fait Gemma. Cette dernière était plutôt fière que quelqu'un ai eu envie d'essayer son activité favorite sous ces recommandation. Ce devait être  pour cette même raison qu'elle accepta immédiatement sa proposition.

« - Oui, volontiers. Jusque là, je me suis contentée de suivre Lilith, elle a l'air de connaître le Château comme sa poche. Tu comptais aller où?

Quand elle évoqua l'animal, la brunette jeta une vague œillade au chat. Choix de compagnon intéressant. Elle adorait toutes les bêtes, ce n'était certainement pas elle qui irait le lui reprocher. Leur présence était le plus souvent préférable à celle des hommes.

Où comptait-elle donc aller ? C'était une bonne question, à laquelle elle  n'avait aucune réponse. Pour dire vrai, elle s'était contenté de se réfugier dans la tour d'astronomie pour y pleurer … Elle n'avait qu'à reprendre ses divagations habituelles. C'était ce qui restait de plus intéressant.

- Je n'ai pas de destination précise. On à qu'à aller là où nos pas nous mènerons.

Elle commença à s'approcher de la sortie, proposant à son alliée d'un soir de la suivre, tout en lui recommandant de rester silencieux. Alors qu'elles marchaient depuis peu pour entrer dans le corps du château, un bruit se fit entendre. La Landre s'arrêta net pour tenter d'entendre ce qu'il se passait. Était-ce un professeur ? Si c'était le cas, elles devaient trouver une cachette, et vite. De même dans le cas où ce serait un autre élève, d'ailleurs, même s'il ne pourrait pas faire grand chose contre elles.

Prudemment, elle se tourna vers l'autre sorcière, attendant qu'elle lui donne ses impressions.

HRPH:

Quel ne fut pas l'étonnement de Gemma quand la Fawley sortit une cape d'invisibilité ! Une infinité de questions affluaient en l'esprit de la fillette, mais surtout un grand enthousiasme. C'était la porte ouverte à tant de possibilités. Tout ce qu'elles pourraient faire avec ce merveilleux objet ... Elle n'osait y songer. Comment avait-elle put faire cette acquisition ? Il faudrait qu'elle le lui demande pour en obtenir à son tour. Pour l'heure, elle se taisait, observant ce qu'il se passait.

Elles tenaient à peine sous le tissus, mais si elles restaient bien proches, elle y parvenaient. Ne craignant plus d'être découverte, elle pouvait écouter à loisir ce qu'il se passait et chercher la provenance des sons. Des voix, même. Au moins deux. À qui appartenaient-elles ? On ne sortait pas la nuit sans raison. Il fallait qu'elles découvrent l'identité de leurs propriétaires et ce qu'ils faisaient en ce lieux.

"- ... Déjà qu'elle ne parle pas beaucoup d'ordinaire, mais là ... Et ça ne va pas s'arranger ... Je l'ai croisée l'autre jour, elle était dans tous ses états. ...


Le sujet de leur conversation était donc une femme. Elle. C'était tout ce qu'elle avait réussi à comprendre pour le moment. Une femme émotive qui avait pour habitude de peu parler. Qui avait vécu un évènement perturbant visiblement.

- ... Bah ... C'est le même cirque tous les dix ou vingts ans. À croire que ces morveux n'ont rien d'autre à faire ... Ils vont remuer ciel et terre pour mettre la main dessus, laisser tomber au bout de quoi?... Deux semaines à tout casser ? ...

Dix ou vingt ans ? Mise à part les professeurs, qui restait donc aussi longtemps à Poudlard ? La réponse lui vint quand deux fantômes passèrent devant elles. Elle ne faisait pas suffisement attention à eux pour savoir de qui il s'agissait, mais cela lui importait peu. Seul ce qu'ils disaient comptait.

- ... Ces morveux? Je vous trouve bien dur, Sir... Je peux vous dire que ces dernières années, en tous cas chez les Pouffsouffle, les élèves se sont révélés charmants... Quoi qu'il en soit, quand Héléna l'a su, elle a fait une... enfin... une crise de nerfs...

Ce Elle avait désormais un nom. Hélèna. Qui était-elle, et pourquoi cette chasse qui était évoquée la dérangeait tellement ?

- ... Hahaha, une crise ectoplasmique, vous voulez dire, mon cher Moine Gras!...

Qu'ils leurs épargnent leurs plaisenteries douteuses ! Elle voulait les informations, et au plus vite.

-... Huhuhu! Oui, enfin, restons charitables, voulez-vous... Cette pauvre Héléna... J'ai entendu dire qu'elle s'était réfugiée dans la Cabane Hurlante...

La cabane hurlante ... Cétait là qu'elles devaient aller si elles voulaient en savoir plus. Le seul soucis, c'était que l'aînée avait eu sacrément peur en y étant allé avec Drago, la faute à tous les imprévus qu'il y avait eu. Cepandant, elle ne redoutait pas d'y retourner. Elle aimait toujours autant l'adrénaline ...

- ... Non!... Même pour nous... cet endroit est sinistre... Enfin, bon, ce n'est pas la première fois que des énergumènes se lancent à la recherche du diadème de sa mère... Depuis le temps, pas de quoi en faire un fromage...

Quelques petites choses s'assemblaient dans la tête de la serpentard. Hélèna était probablement le fantôme de Serdaigle, cela lui revenait. La fillette avait déjà entendu la légende du mithyque objet perdu qui aurait appartenu à sa mère. Le diadème de Rowena, c'était donc après cette chimère que s'élançaient les élèves. Génial ... Cela l'enthousiasmait bien moi, soudainement.

- ... Mais vous n'y êtes pas mon Cher, cette fois-ci, ce n'est pas au diadème qu'ils en ont!... C'est à son bracelet...

Quel bracelet ? Cela ne lui disait absolument rien, même pas de manière vague. Elle ne savait même pas qu'il en existait un. Cela devenait plus intéressant.

- ... Son... Par les cavales hurlantes!... Mais qui a pu révéler...

Révéler ? Il y avait donc des secrets à percer ? Trop de questions, trop peu de réponse. C'était décidé : elle enquéterait. Elle comptait sur Rosalind pour l'accompagner dans cette tâche. Sa curiosité devait avoir été piquée, à elle aussi.

- ... Si je vous le disais... Vous ne me croiriez pas... Le jour de notre fête... Par sa propriétaire elle-même... C'est Lou Perkins, me semble-t-il... vous voyez qui...

Lou était impliquée, qui plus est. Si elle agissait subtilement, la Landre pouvait espérer lui soutirer quelques expliacations. Essayer ne lui coûterait rien.

Les deux esprits ayant disparus, elle se tourna vers sa camarade, tout excitée. Elle ne savait par quoi commencer, et les mots se bousculaient sur sa langue.

- Il faut absolulement que l'on découvre ce qu'il se passe ! Avec ta cape, personne peut nous prendre. Je connais quelques passages si tu veux qu'on aille à la cabane. Je porrais aussi interroger Lou, je la connais un peu.
La fillette plissa les courcils.

- Enfin je ne sais pas quel heure il est. Tu penses qu'on a le temps ? Où on y retournes en en sachant un peu plus ?

Tout lui allait. Elle pouvait sortir toutes les nuits, elle n'avait quasiment pas besoin de dormir. Cela lui arrivait même de mieux réfléchir quand elle était fatiguée.

- Avant toute chose, faisant un petit bilan de ce que l'on a compris. On est d'accord qu'ils parlaient d'Hélèna, la fille de Rowena Serdaigle ? Et d'un bracelet qui aurait été à elle ? Mais je ne savais même pas qu'un bracelet existait."

Si elle racontait n'importe quoi ou passait pour une folle, cela lui était égal. Son amie avait-elle compris autre chose ou saisis d'autres nuances ?